TRUNG DUNG TÂN KHẢO

Nhân Tử Nguyễn Văn Thọ

 

PHỤ LỤC 7

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Aperçu du Nouvel Essai sur le Centre Eternel [1]

 

J’entreprends de vous soumettre, dans le cadre succinct de cet article, un aperçu général de mon livre intitulé «Essai sur le Centre Eternel» qui a pour objet l’étude du Tchoung-young, un des livres canoniques du Confucianisme dont l’auteur était Tzeu-seu petit fils de Confucius.

Comme le titre de mon livre le suggère éloquemment, tout ce que j’expose au cours des trois volumes du livre - à plus forte raison tout ce que je consigne dans cet article n’a qu’une portée explicative, personnelle et problématique sujette à être revisée dans l’avenir.

A mon avis, ils serait préférable de changer l’ancien titre du livre celui de Juste Milieu - en un nouveau titre beaucoup plus pittoresque, celui de Centre Eternel.

Ce dernier correspondrait d’ailleurs davantage à l’étymologie des termes, et cadrerait beaucoup mieux avec les idées de Tzeu-seu.

Tout d’abord, après nombre de lectures et réflexions, j’ai cette conviction que le Tchoung-young peut être considéré comme le Bhagavad-Gita du Confucianisme.

En effet, tandis que dans le Livre des Mutations, les Anciens faisaient épanouir un univers fictif sur les fleurs de leur symboles pairs et impairs, procédaient à la féerie des multiplications des êtres par une mitose binaire, pour s’enquérir ensuite sur les lois de relativité qui régissent les couples de mouvements (expansion-concentration, dispension-union, charge-décharge, dissolution-cohésion, dépense-réserve) c’est-à-dire tous les mouvements de va-et-vient, tous les cycles de transformations continues, harmonieuses et réversibles d’une seule énergie initiale, dans le Centre Eternel, l’Auteur trace aux lecteurs une voie divine qui nous mènerait à travers les vicissitudes harmonieuses d’une vie bien conçue au Centre Eternel initial, immuable Origine et a la fois «Téléfin» de l’homme.

Ce livre est donc le chef-d’oeuvre du Confucianisme, dans lequel l’auteur ne vise qu’une élite déjà initié aux difficultés linguistiques, philosophiques et métaphysiques de l’école, soumise depuis longtemps à la discipline rigoureuse de l’éthique et dont l’ me est déjà rendue très fine, très délicate et très subtile grce à la calligraphie, à la peinture et à la musique douce et majestueuse. C’est pourquoi le style devient ici si éthéré, si concis, si élagé, si élaboré qu’on se sent émerveillé de la délicatesse de ses suggestions et du doux murmure de sa musique.

Ce style si sobre, si ténu au commencement s’enfle de plus en plus pour atteindre les longeurs périodiques, atteindre «les dimensions» de l’infini, pour s’évanouir finalement dans le silence de la perfection impondérable de Dieu.

Tout semble être très bien calculé, très bien mesuré pour être compris seulement des gens de qualité. Ainsi le contenu est transparent pour les uns, obscur ou opaque pour les autres, jusqu’au point de devenir un scandale, un non-sens pour la plupart des gens, une douce philosophie de nonchalance, de béat vivotement pour certains mais aussi et surtout un mot de passe qui enseigne la voie de la perfection a quelques disciples préférés.

Le livre débute très suggestivement par «la Volonté Divine» et finit éloquemment dans le silence infini de la Perfection impondérable de Dieu.

Le livre nous donne ainsi l’Alpha et l’Oméga de la voie divine considérée comme un cercle parfait quand les deux bouts de perfection vont se rejoindre après avoir passé par toutes les nuances, les tonalités, la poésie et la musique d’un couple en parfaite harmonie et les phases d’une vie humaine tour à tour active, tour à tour contemplative selon les modulations de la loi des Variations et du Devenir.

Laissons parler l’auteur pendant une minute: «La Volonté Divine est notre Nature; suivre notre Nature, c’est la voie divine; cultiver cette voie divine s’appele instruction. Cette voie divine est indissolublement liée a nous. Toute séparation, ne fut-ce que pour un clin d’oeil, est un non-sens car si elle pouvait l’être, elle ne mériterait plus son nom de voie.

«C’est pourquoi, l’homme religieux doit craindre l’Invisible, doit vénérer l’Imperceptible, car rien n’est plus patent que l’Invisible, plus manifeste que l’Imperceptible. C’est pourquoi, l’homme religieux doit être très réservé dans sa solitude...»

Combien ces paroles sont imprégnées de spiritualité, de dignité, de dévotion et de grandeur !

Le problème ontologique de la nature humaine, en tant qu’Homme, se concrétise dans une équation charmante:

Volonté Divine ( 天 命 ) = Nature ( )

La Parole divine était donc le souffle de notre vie, était donc la nature originelle de l’humanité nature d’une perfection et d’une pureté sans mélange comme une eau de vie couleur cristal qui vient de jaillir de la source divine, qui vient de prendre a peine son élan, dont chaque goutte deviendra une nouvelle vie, deviendra une semence de l’arbre de l’immortalité future, deviendra un modèle de perfection, une voix de conscience amicale qui murmure silencieusement au tréfonds de notre me pour nous enseigner dans le silence et dans l’amour, la póesie , la musique et les secrets de «l’Alchimie de l’immortalié».

Le but que se proposait l’auteur du Tchoung-young est d’exhorter les lecteurs a remonter a cette source, a cette Nature originelle.

C’est cette expression divine, cette perfection divine, cette Parole sans langage que nous devrions retrouver au cours de notre vie temporelle. L’auteur nous suggère de recourir à l’instruction qui nous aiderait a retrouver cette voie divine.

Il nous révèle ingénument que cette voie divine est comme collée a nos pas. Quel paradoxe ! quel humour ! quelle ironie ! sommes-nous tentés de le dire.

Cependant le paradoxe cesse comme par enchantement si nous nous reportons à ce verset du Livre des Mutations: «La voie divine a deux phases: Une phase ombre et une phase lumière. Il est bon de vous engager dans cette voie, mais si vous parvenez à la parcourir en entier, ce sera la perfection, ce sera la réalistion de votre Nature.» (Livre des Mutations, le grand commentaire, ch.IV, v.2)

一 陰 一 陽 之 謂 道. 繼 之 者 善 也. 成 之 者 性 也.

Si l’on considérait le Centre Eternel comme étant la Lumière, comme étant l’Esprit de Dieu, la phase ombre, ce serait la phase d’éloignement, d’expansion, d’extériorisation, de superficialisation, d’aliénation, d’engagement - engagement dans la société, engagement au service du temporel et du matériel, - la phase d’épanouissement physique, intellectuel et sentimental, la phase errante à la recherche des distractions, des aventures et des nourritures terrestres. Cette première phase c’est l’enfance et la jeunesse de la Vie correspondrait d’ailleurs au courant expansif et prolifique initial de la nature où le printemps et l’été se parent de bourgeonnements, de frondaison, de floraison et qui dicte aux oiseaux du ciel de quitter leurs nids pour aller foltrer, chercher leur nourriture et prendre leurs ébats d’amour dans des coins des cieux lointains.

Mais bientôt l’ombre cède insensiblement le pas à la lumière. Graduellement et insensiblement l’automne de la vie fait vibrer ses harpes de vent et d’oiseaux, fait iriser les couleurs de ses feuilles jaunissantes, et nous entrons dans la seconde phase de la vie en changeant de plans, de vues et de direction apparente. Nous allons entonner la même mélodie mais comme à rebours, mais à une gamme plus élevée: c’est donc en quelque sorte un changement de clavier et de rythme pour éviter la monotonie du timbre. C’est maintenant le chemin de retour, c’est maintenant la phase d’intériorisation, de concentration progressive, d’introversion, d’approfondissement, de recueillement progressif, la phase de récupération spirituelle après la prodigalité de la jeunesse, la phase de la «recherche du temps perdu de Proust», la phase de spiritualisation, de sublimation qui se fait grce aux expériences vécues, grce aux méditations, aux réflexions à travers les diverses étapes de l’éthique et de l’esthétique pour revenir grce à une touche magique de l’Etincelle divine, à la perfection originelle, pour redevenir l’expression de Dieu, le Symbole de Dieu. Tandis que la première phase était le propre d’un homme attiré hors de soi , la deuxième phase se caractérise par le reploiement de l’homme sur lui-même. La deuxième phase est donc une phase de dégagement progressif, de libération des liens et fardeaux qui commencent déjà a étrangler et à peser pour se consacrer graduellement a sa réalisation spirituelle. La vie de l’homme ainsi conçue serait comme un perpétuel devenir en vue d’une identification finale avec l’Etre, une existence toujours en quête de la Vie, de la Vie totale, après avoir gouté aux saveurs des vies partielles et successives, une randonnée palpitante à travers le temps et l’espace pour revenir enfin au foyer, radieux et triomphant.

La vie ainsi conçue est donc un gérondif et non un participe, un faciendum et non un factum, une «récréation» et un épanouissement continus et non un étiolement, un dépérissement, un languissement berné d’illusions et de velléités. Le «Que ma volonté soit faite» initial redevient le «Ta volonté est faite», dans le bonheur indicible de réunion, dans un cadre de neige immaculée miroitant de fierté là-bas au loin dans le monde sensible encore assoupi par l’hibernation récente, dans la musique douce des bourgeons qui commence à chanter le renouveau sur les branches encore engourdies par le froid et dans le gazouillement des oiseaux qui palpitent déjà de printemps et de vie nouvelle.

Le contraste apparent initial, - les malheurs initiaux, les malentendus initiaux causés par une fausse dénomination,[2] aggravés par l’éloignement progressif, se résout en union finale, en mélodie finale, en symbiose et synthèse finale.

Les pleurs de la naissance feront place au sourire de la mort. Et le rideau des paupières retombe pour laisser la scène du monde aux autres acteurs novices encore étriqués et maniérés dans leur évolution et leur expression.

Pour retrouver ce centre de Perfection, il nous est enseigné d’ailleurs dans le livre des Hautes Etudes, que nous devons faire un effort de concentration, de méditation, d’aller de simplifications en simplifications pour arriver à la sublimation finale.

C’est donc remonter la lignée des causes pour s’élever à la Cause première qui ne peut être qu’Esprit.

Parvenu au terminus de la chaýne des causes, on peut alors poser son petit doigt sur «la Forme Spirituelle» des choses qui était auparavant mobile, diffuse, protéiforme, méconnaissable à travers la féerie des réfractions, des diffractions, des dispersions, des mirages, des déformations et des interférences qui se jouent à travers les diverses couches des temps et des lieux.

On se rend compte alors du mystère de Latence - Manifestation, de Silence-Parole; de l’Etre et de son expression, la pensée; de l’Etre et des symboles; de la Pensée et du langage; de l’Un et du Multiple.

Alors dans l’admiration, dans l’amour et dans la vénération, les auteurs chinois cherchaient à se réaliser, pour tendre à l’union avec l’Un, avec le Très Haut (T’ai-chi 太 極 ).

Ainsi au point de vue philosophique, l’Ecole confucianiste se donne comme tche de retrouver l’Un derrière le Multiple, le Global à partir des détails, la Réalité à travers les Symboles, l’Absolu à partir des relativités, l’Immuable derrière le voile trompeur des changements, la Parole à travers les mots, les phrases, les livres et les collections de livres, la Personne humaine à travers les individus, la Vie derrière ses manifestations si variées et si capricieuses, la vraie identité de l’Homme après toutes les identifications possibles et imaginables.

Armés de foi et de connaissance, ces rares vrais religieux chinois de l’école confucianiste, marchaient dignement dans la voie de Dieu ainsi tracée dont ils connaissaient à l’avance toutes les étapes. Ils cherchaient le Royaume de Dieu caché dans leur me. C’est pourquoi, ils étaient si confiants, si joyeux, si heureux malgré toutes les vicissitudes de fortune, malgré leur pauvreté.

Ils faisaient l’ascension de la colline éternelle en mesurant leurs pas, en savourant chacun de leurs moments, en débutant par des actions très terre à terre pour s’élever graduellement aux accomplissement de plus en plus nobles, avec cette conviction que leur évolution indéfinie est possible, qu’ils étaient en mesure de rivaliser avec leurs maîtres en vertus et en perfection.

Il est à remarquer en dernier lieu, que dans le Tchoung-young, l’auteur parle abondamment des grces que Dieu réserve à ses Elus, ce qui constitue comme la replique de la Bible. (cf. Livre de la Sagesse).

Cela est très frappant, si l’on considère qu’à ce stage ancien de l’histoire, aucune communication n’était possible et les secrets des nations s’entouraient de plusieurs remparts de mers, de montagnes et de langues.

En étudiant les grands penseurs chinois et surtout le Tchoung-young, je suis sidéré de constater combien ils étaient religieux - profondément religieux - comme si la présence divine transparaissait à travers leurs écrits, leurs paroles, leur attitude et leur vie... et aussi de constater qu’ils employaient le même langage des Mystiques de tous les temps, de toutes les nations, de toutes les religions.

Comme il est beau de considérer après eux, la vie comme une mélodie grandiose qui commence et finit avec une même note de Perfection, tout en passant par toutes les palpitations, les cascades de dissonnances, de consonnances, de mélodies, de voix et de silence...

Le Tchoung-young me rappelle la douce musique des pòemes de Kabir , de Tagore, les chaudes paroles de Ramakrishna, la passion de Bodhidharma, la mélodie du Bhagavad-Gita.

Il me fait penser aux paroles du Psalmiste:

«Yahvé qui habitera sous ta tente?

Qui demeurera sur ta montagne sainte?

Celui qui marche dans l’innocence, qui pratique la justice,

Qui dit la vérité avec son cœur.» (Psaume 15)

Et aux belles paroles de Saint Paul:

«Le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir

du fond des ténèbres est celui qui a resplendi dans nos coeurs.» (Corinthiens 11 -4,6)

Combien il est consolant que de pouvoir retrouver son vrai Centre de Gravité aux cours de moments de tourbillons de la nature et de l’Histoire. Et je termine mon aperçu par un voeu sincère: Que tout le monde travaille au rehaussement des vraies valeurs morales et spirituelles des hommes, que tout le monde cherche à btir sur ce Centre Eternel, sur ce Socle de Perfection et d’amour toutes les constructions futures au plus grand bonheur de l’humanité entière.

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[1] Dành cho các thính giả người Pháp, hôm Phát Giải Thưởng Văn Chương Tinh Việt Văn Đoàn Lecomte du Noüy.

[2] Il n’y a pas en effet de contraires dans notre vie et dans l’univers mais plutôt des forces complémentaires, des couleurs complémentaires, des notes d’accompagnement, des corrélatifs en un mot, qui sont appelés à jouer une fonction plus ou moins prédominante à leur temps et à leur place. Ainsi conçu, tout a sa part, tout a son temps, tout a son utilité et rien, absolument rien dans cet univers ne serait mauvais, ne serait à rejeter, si ce n’est le contretemps.

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