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QU’EST CE QUE LA CULTURE ?

Nhân tử Nguyễn Văn Thọ

 

Il y a quelques années, Mr Phạm Đình Tân formait le projet d’organiser une série de conférences sur la Culture, et depuis lors il a eu la délicate attention de m’inviter à causer sur un des sujets de son programme.

Après maint refus, j’ai dû cependant m’incliner devant son insistance. Il faut avouer qu’en dépit de mon acceptation, je n’étais pas du tout très enthousiasmé devant un tel sujet de conférence, sujet aussi aride que le désert, aussi vague que la brume d’automne, aussi ardu que le chemin qui menait à Pa-Chou.

Et aujourd’hui, devant vous entretenir sur un sujet général: QU’EST CE QUE LA CULTURE, je me sens dans un tel désarroi que me reviennent à la mémoire ces vers de Kim Vân Kiều:

«Terre basse, ciel haut, j’implore vos clartés,

Comment dois-je, à présent, dites, me comporter?»

                                           (Traduction Crayssac)

Comment m’y prendrai-je donc, quand m’écartant de la voie commune, je me fraye un chemin à travers les broussailles, et quand sans chercher à évaluer mes propres forces, je me lance dans des difficultés inextricables.

Puisqu’il en est ainsi, il ne me reterait que l’unique ressource d’en appeler à votre extrême indulgence pour m’excuser des erreurs ou lacunes que j’aurai pu commettre au cours de la présente causerie.

Pour chercher à comprendre ce qu’est la culture, je m’en vais vous l’exposer, au fur et à mesure, au cours des cinq rubriques suivantes:

1. Genèse du terme Culture.

2. Quelques définitions commentées de la Culture.

3. Étude étymologique et analytique de la Culture.

4. Évolution des Cultures. – Trois principales formes culturelles au cours des âges.

5. Essai sur une définition de la Culture et sur une conception nouvelle de la Culture.

 

I. GENÈSE DU TERME CULTURE

Avant d’aborder la culture, il importe de chercher à connaître la genèse du mot, c’est-à-dire à savoir où, quand, et comment le terme Culture est né …

Il faut avouer que c’est là une entreprise très difficile. Malgré mes recherches ardues, je ne suis pas encore parvenu à avoir une connaissance parfaitement adéquate du sujet.

C’est pourquoi, je ne puis aujourd’hui que vous présenter un dossier provisoire sur la genèse du mot Culture en Occident comme en Orient.

D’après Bernard Chabonneau, c’était Goethe (1749-1832) qui a donné naissance en Allemagne, au mot Culture.

«La Culture, dit-il, naît dans le langage en Allemagne avec la Bildung Goethienne qui identifie cette culture avec l’humanisme classique, en la distinguant de la religion et de la pratique économique ou politique.» [1] 

Au contraire, Harry Levin prétendait que le mot «Kultur» allemand dérivait du mot Culture français.[2]

Ainsi seulement au point de vue de l’origine du mot, nous sommes déjà ballotés entre deux points de vue contraires. Cependant, il est encore beaucoup plus pénible quand il s’agit de déterminer l’époque et la date de naissance du mot Culture.

Bernard Chabonneau soutient qu’en Angleterre et en France, le terme Culture n’aurait passé vraiment dans le langage courant qu’après 1918. [3]

D’après Harry Levin, le mot Culture avec sa signification actuelle, fit son apparition dans le langage français vers la fin du XVIIIème siècle. La preuve en est que dans le Dictionnaire Encyclopédique de Diderot, le mot Culture signifiait seulement «Culture des terres» et n’avait pas encore d’acception morale.

Ce n’était en 1777 que le Dictionnaire de l’Académie française ajouta:

«Culture se dit aussi au figuré, soin qu’on prend des arts et de l’esprit.» [4]

Ruth Emily Memury rapporte que dans le langage anglais, le mot Culture apparaît pour la première fois dans le Dictionnaire Anglais d’Oxford vers 1875.[5]

L’Encyclopédie Britannique soutient que le mot Culture a été déjà employé au sens figuré, depuis 1869, par Mathew Arnold, dans son livre intitulé «Culture and Anarchy». [6]

Selon Harry Levin, Thomas More a déjà employé, depuis 1510, le mot Culture dans le sens de l’éducation, de l’entraînement de l’esprit.[7]

Dans ces conditions, le terme Culture avec son sens figuré, a été crée en quelle année? 1918? 1869? 1775? ou 1510? en quel siècle? à la fin du XIXème? à la fin du XVIIIème? ou au début du XVIème siècle?

Qui sera l’arbitre qualifié pour trancher la question, devant ces différences de vue, ces décalages chronologiques s’étendant au moins sur quatre siècles?

Mais les choses n’en restent pas seulement là. En effet, si nous remontons le cours du temps, nous verrons que le terme Cultura avec ses sens propres et figurés a été déjà employé dans l’Empire Romain, plus de 100 ans au moins avant l’ère chrétienne.

À cette époque, le terme Culture avait déjà trois significations:

1. L’Art de cultiver les terres (Agricultura ou Agricultus)

2. L’Art de cultiver l’âme (animi cultura ou cultus)

3. L’Art de cultiver l’Esprit (Dei cultura ou cultus) [8]

Scrutant l’Orient, nous nous heurtons aux difficultés semblables.

En Chine, le mot Wen 文  ne signifiait à l’origine rien de moins que l’ensemble de la Culture humaine.[9]

Un lettré chinois, Mr. Shih Hsiang Chan écrit: «Le mot chinois qui désigne la littérature, Wen 文, symbolise aussi bien dans sa graphie étymologique que dans son premier emploi, l’idée de la création intellectuelle qui changent les éléments informes en un tout organique, les contraires en harmonie, le chaos en ordre, donnant ainsi une forme saisissable au bon et au beau …» [10]

J. Laloup et J. Nélis sont aussi d’accord sur ce point:

Selon eux, le vocable chinois Wen 文 implique tous les efforts d’humanisation. Ce vocable embrasse la littérature, la religion, la philosophie, l’art, bref, toutes les acquisitions morales et spirituelles de l’homme. Il s’oppose donc au vocable Wu 武 qui symbolise les appareils administratifs et militaires … [11]

Dans les Annales de la Chine, le mot Wen 文 ou Wen-kiáo 文 教 est utilisé aux lieu et place du mot Wen-hóa  文 化 .[12]

Par ailleurs, les Rois de cette époque faisaient montre d’une admirable disposition à faire usage des moyens culturels ou humanitaires dans leur governement.

L’Empereur Ta-iu 大 禹 par exemple fit étalage des vertus, des cérémonies et des danses sacrées dans la Cour du Palais Impérial, en vue d’émouvoir les tribus sauvages Miao 苗 , les incitant à se rallier d’eux-mêmes.[13]

L’Empereur Ou Wang 武 王 après avoir vaincu Tcheou Wang 紂 王 fit reconduire les chevaux de guerre au Sud du Mont Houa 華 山 et fit lâcher les boeufs de guerre dans les plaines de Tao-Lin 桃 林, affirmant sa décision de gouverner le peuple par la Culture et l’éducation (Wen 文 ) de préférence à l’usage de l’appareil militaire et de la violence (Òu 武 ).[14]

Dans l’histoire des Trois Royaumes 三 國 誌 (Chine), on note que Fou Kan recommanda à Ts’ao Ts’ao 曹 操 de ne plus mobiliser les troupes contre les royaumes Wou 吳 et Chou 蜀 , mais de se consacrer plutôt à la consolidation du pouvoir impérial par le Wen 文 c’est-à-dire par les moyens culturels et humanitaires.

Ts’ao Ts’ao, écoutant ces conseils, renonça à ses expéditions contre le Sud, et s’efforça de développer les écoles et de bien traiter les gens de lettres.[15]

Ainsi le mot Wen 文 est vieux au moins de 4000 ans, tandis que le terme Wen-hóa 文 化 n’apparaît dans le langage chinois qu’au début du 20è siècle.

La preuve en est que dans le Dictionnaire franco-chinois de Séraphin Couvreur, édité en 1890, en ne voit guère l’ombre du mot Wen-hóa.

Au Vietnam, étant donné l’influence culturelle de la Chine, le terme Văn existe aussi depuis longtemps, tandis que le terme «Văn Hóa» n’a été mis en usage que récemment.

En effet, aucun dictionnaire vietnamien ou franco-vietnamien édité avant 1918 ne mentionne ce mot Văn Hóa.[16]

Et dans la Revue Nam Phong parue depuis 1917, le mot Văn Hóa ne figura, à moins que je ne me trompe, que dans le No 84 (Année 1924), dans un article de Thượng Chi intitulé: «Libre propos sur la culture orientale et la culture occidentale.» [17]

Bref après avoir consulté les Dictionnaires français, chinois, vietnamiens et anglais, nous pouvons conclure, avec une marge de sécurité assez grande, que le terme Văn Hóa ou Culture est un mot nouveau qui a pris naissance à la fin du XVIIIème siècle et qui n’a été utilisé couramment en Orient et en Occident qu’après la première guerre mondiale.[18]

 

II. QUELQUES DÉFINITIONS COMMENTÉES DE LA CULTURE

Après avoir acquis une connaissance sommaire de l’histoire du terme Văn Hóa, il convient d’en étudier certaines définitions.

Quoique le terme Culture soit d’un usage très courant, il est cependant difficile de lui donner une définition adéquate.

Au reste, chacun a sa façon de concevoir la Culture. C’est pourquoi, le mot Culture devient protéiforme.

D’aucuns la font relever de la sphère spirituelle; d’autres la font évoluer sur le terrain concret et matériel.

Le terme Culture prend ainsi, un fond et une forme totalement nouveaux et différents selon les lieux, les époques et les individus.

C’est pourquoi, bien des gens de lettres hésitent de définir la Culture.

Dans la Préface de leur livre intitulé «Culture a Critical Review of Concepts and Definitions», les deux célèbres anthropologues Kroeber et Clyde Kluckhohn, empruntant les paroles de Lowell ont fait cette confidence:

«Il m’incombe de parler de la Culture. Cependant, dans ce monde, il n’y a rien de plus mouvant, de plus fuyant qu’elle.

«On ne saurait l’analyser, car les éléments en sont en nombre illimité. On ne saurait la décrire, parce qu’elle est protéiforme. Vouloir la décrire, vouloir la définir équivaudrait à vouloir attraper l’air avec ses mains. Résultats: L’air est partout, sauf dans ses poings.» [19]

Aussi a-t-on vu de grands écrivains éluder, quand il s’agit de donner une définition de la Culture.

Lors du Congrès sur la Culture organisé à Venise du 25 au 31 Mars 1956 par l’Association de la Culture de l’Europe, auquel ont participé de grands philosophes, de grands écrivains des pays européens, libres aussi bien que communistes, entre autres, Karl Barth Campagnolo, J.P. Sartre, Maurice Merleau Ponty, Vercors, Silone, Fédine, Boris Bolévoi, Kampov, Jaroslaw-Iwaszkiswicz, etc. on a proposé de ne pas définir la culture dans le communiqué commun.[20]

Ont également évité de donner une définition de la Culture, les auteurs de l’Encyclopédie du Monde Chrétien intitulée le «Bilan du Monde».

Ceux-ci n’ont pas voulu opposer nettement Culture à Civilisation, mais ont adopté plutôt le point de vue de Jacques Maritain en disant: «Nous distinguerons seulement dans la Culture un développement véritablement humain et donc principalement intellectuel, moral et spirituel, et dans la Civilisation, l’aspect social, politique et technique du même développement humain.» [21]

Thomas Sterns Eliot, écrivain anglais, prix Nobel de littérature en 1948, a composé un livre intitulé modestement: «Notes towards the Definition of Culture» (Notes pour une définition de la Culture).[22] Ainsi T.S. Eliot lui-même n’entendait pas non plus définir directement la Culture.

Les attitudes réservées sus-mentionnées sont en somme très sages, car définir c’est limiter; or limiter, c’est cirsconscrire, et partant c’est serrer et gêner…[23]

Au contraire, les gens communs définisssent la Culture avec une très grande désinvolture.

A propos, il est intéressant de noter qu’il y a d’ici plus de 10 ans, Mr Đặng Văn Ký a fait une entrevue sur la Culture et en vait consigné les réponses dans le Bulletin de la Culture Orientale, No 9 Mois de Décembre 1958.[24]

Entre les deux extrêmes, on trouve d’autres écrivains qui sans être évasifs, ni désinvoltes, ont eu le courage de définir la Culture. Ainsi grâce à eux, il nous serait maintenant possible, moyennant recherche, de recueillir des définitions de la Culture par centaines.

En 1952, A.L. Kroeber et Clyde Kluckhohn dans leur ouvrage «Culture a Critical Review of Concepts and Definitions» ont cité plus de 400 auteurs et ont recueilli 130 définitions de la Culture.[25]

Ici je me borne à commenter quelques définitions courantes de la Culture.

1. Culture: Niveau intellectuel

D’Aucuns prétendent que la Culture est le niveau intellectuel de l’homme. D’où ces assertions: Un tel est cultivé; un tel ne l’est pas.

D’Après cette définition, culture équivaut à degré d’instruction.[26]

2. Culture: Formation intellectuelle et morale

D’autres conviennent que la Culture est la formation intellectuelle et morale qui rend l’homme plus noble, plus élevé.

Selon Thomas Stern Eliot, la Culture est l’amélioration de l’âme et de l’esprit.[27]

D’après le Dictionnaire Oxford, la Culture c’est la formation le développement de l’esprit, des facultés, le raffinement du comportement, etc… La Culture c’est l’entraînement, c’est l’éducation de l’homme visant à le perfectionner, à l’ennoblir.[28]

Le Dictionnaire du Dr Johnson définit la Culture comme l’art d’améliorer, l’art d’évoluer vers la perfection.[29]

Il en résulte qu’un homme cultivé est un homme noble, bien éduqué, un homme dont les facultés intellectuelles et morales sont bien développées, dont le sens artistique est bien formé.

Un homme cultivé est donc un homme raffiné, noble, vertueux, un homme dont le livre des Odes a fait l’éloge en ces termes:

«Regardez donc du côté du coude de la Rivière KY,

De jeunes bambous couvrent de leur verdure, un jardin retiré.

O bel Homme! Que vous êtes noble et distingué!

On dirait que depuis bien longtemps, vous avez reçu un façonnage, un limage, et un polissage parfaits.

O quelle démarche altière! O quel comportement majestueux!

O sage accompli! On ne pourra jamais vous oublier.» [30]

3. Culture: Education, Système d’éducation nationale

Le terme Culture dans la langue française, indépendamment de sa signification ordinaire, veut dire encore instruction, développement.[31]

Le mot «Culture» est donc lié à celui de l’instruction, de l’éducation, bref à l’œuvre d’éducation nationale.

Ainsi le terme culture a une double signification:

a. Formation morale et spirituelle, formation des hommes vertueux et sages.

b. Formation intellectuelle, scientifique, et technique; formation des cadres et des artisans pour la nation.

Ceci revient à dire que nous et nos ancêtres ont des visées totalement différentes en ce qui concerne le programme de l’éducation publique.

Autrefois, en Orient comme en Occident, le but de l’éducation publique consistait à faire des hommes dignes de ce nom, des sages, des hommes supérieurs: le programme de l’éducation donnait la primauté à la sagesse.

Aujourd’hui en Orient et en Occident, le but de l’éducation publique est le développement du savoir humain, la formation des patrons, des travailleurs, des ouvriers, des techniciens: le programme des études donne la prééminence à la science et à la technique.

Il va sans dire que ces deux programmes opposés comportent chacun leurs avantages et leurs inconvénients.

Le mieux sera certes, de savoir concilier ces deux visées de l’éducation publique dans le but de former des hommes à la fois verteux et capables.

Il y a 45 ans, Thượng Chi écrivait dans la revue Nam Phong ces lignes:

«Un technicien sans principes moraux est semblable à une peau de fruit sans pulpe ni noyau. Il lui est impossible de réaliser une vie idéale.

«Par contre, un sage sans formation technique et professionelle est semblable à un noyau de fruit sans peau. Il lui est bien difficile de lutter pour la vie.

«C’est pourquoi, il est nécessaire de concilier la science avec la sagesse; l’intérêt public avec la perfection morale. C’est ce qu’on appelle synthèse des deux Cultures orientale et occidentale.» [32]

4. Culture: Belles-Lettres et Arts

Il y a des gens qui prennent  Culture pour Belles-Lettres et Arts.

C’est là une des définitions de la Culture la plus en vogue.

Actuellement d’ailleurs, Culture, Belles-Lettres et Arts marchent souvent de pair comme un objet et son ombre.

En effet, Arts et Belles-Lettres constituent des instruments pour la diffusion de la Culture, des traits d’union entre les hommes, des moyens de transmission et de conservation de la Culture.

De même que l’homme a deux tendances: l’une orientée vers l’idéal, vers la transcendance, vers l’universalité, vers l’intemporel; l’autre tournée vers les réalités temporelles, historiques, sociales, spatiales et naturelles, de même, la Culture ainsi que les Belles-Lettres et les Arts possèdent deux orientations, deux aspects.

Ainsi, les hommes de culture supérieurs se servent de la littérature et des arts pour brosser à l’intention de la masse, des plans supérieurs de la vie, des phases supérieures et lointaines de l’évolution humaine, bref une vie idéale et parfaite.

Les hommes de culture ordinaires, les écrivains et les artistes ordinaires font usage de la littérature, de l’art, de leurs talents pour embellir et égayer la vie des gens. Ou bien, ils à cherchent à enregistrer les scènes bigarrées et changeantes de la vie sociale et sentimentale; à exprimer leurs sentiments intimes et les sentiments de la masse; à décrire les vissicitudes de la vie, les cruautés de l’existence; à étaler les sentiments refoulés de la masse; à traduire la joie profonde des hommes ou visualiser les aspirations et les rêves des générations. Bref, ils veulent répertorier les bons et les mauvais aspects de toutes les circonstances, brosser la physionomie réelle des hommes vivant dans des cadres historiques ou géographiques déterminés. Ils veulent, en somme, que leurs écrits et leurs oeuvres puissent servir de modèle, de motifs de persuasion ou de dissuasion, aidant ainsi les gens à mieux se conduire dans les multiples circonstances de la vie, à mener, pour tout dire, une vie belle et heureuse.

Définissant le Culture comme Belles-Lettres et Arts, beaucoup de gens infèrent que la Culture est inférieure à la Religion. Pour eux, la Religion, c’est la Foi, le Sacré, la Sainteté, l’Expression divine, la Parole de Dieu, tandis que la Culture serait plutôt le Savoir humain, le Profane, le Reflet de la vie humaine, l’Humanisme en somme.[33]

Pourtant, à bien considérer, le mot Culture est un terme beaucoup plus générique, beaucoup plus vaste que le terme Religion.

En effet chaque fois qu’on aborde le problème de la Culture, d’un pays donné, on parle non seulement de la religion, mais encore d’autres sujets tels que littérature, arts, régime politique, fêtes et réjouissance etc …

Les politiciens de leur côté, ayant assimilé la Culture aux Belles-Lettres et aux Arts, ou la considérant dans leur for intérieur comme un pur passe-temps, ont voulu dissocier Culture et Politique.

Ils sont prêts à assumer le rôle de mécènes, de protecteurs à l’égard des gens de lettres, pourvu que ces derniers s’entretiennent des questions oiseuses, qu’ils creusent le passé, qu’ils rêvassent sur l’avenir, qu’ils s’attaquent aux idéologies antagonistes, mais qu’ils encensent et soutiennent le régime actuel, suggèrent à tous de se laisser vivre paisiblement dans le statu quo sans faire de réclamations, sans demander d’améliorations, ni de réformes.

Cependant, la Culture englobe effectivement la politique. Elle n’est pas l’instrument de la politique; par contre, la politique est plutôt l’instrument de la Culture, tout régime politique n’étant que la réalisation d’une certaine forme de Culture, d’une certaine idéologie.

5. Culture: Activité spirituelle. – Civilisation: Activité matérielle et physique

D’autres soutiennent que la Culture englobe toutes les activités morales et spirituelles tandis que la civilsation recouvre toutes les activités matérielles et physiques. Ainsi Religion, Morale, et Art relèvent de la Culture; Technique et Science relèvent de la Civilisation.[34]

Tout ce qui est beau, c’est Culture. Tout ce qui est utile, c’est Civilisation.

Mais la réalité n’est pas aussi simple.

On a beaucoup discuté sur les domaines respectifs de la Culture et de la Civilisation.

D’aucuns prétendent que la Culture relève du domaine spirituel, et que la Civilisation ressort du domaine matériel et technique. (La majorité des hommes de lettres allemands et américains) [35]

D’autres estiment que Culture prime Civilisation. (Conception des hommes de lettres orientaux)[36]

Certains anthropologues soutiennent au contraire que Civilisation l’emporte sur Culture.[37]

Certains anthropologues soutiennent que la civilisation n’est qu’un composant de la culture, alors que d’autres sont d’avis diamétralement opposé. (I. Olaguë par exemple) [38]

Certain savants pensent que Culture et Civilisation sont des termes synonymes et par conséquent interchangeables, se référant toutes deux à un mode de vie noble et supérieur.

Dans une conférence sur les Cultures et les Civilisations tenue à Salzburg du 8 au 15 Octobre 1961,[39] à laquelle avaient participé d’illustres gens de lettres tels que Sorokin, Toynbee, Spengler, Northrop, etc… on employait indifféremment Culture et Civilisation, leur donnant la même signification.[40]

Toynbee justifie cette manière d’agir en disant que la différence de sens entre Culture et Civilisation n’existe que dans la langue allemande où Culture veut dire progrès spirituel, civilisation veut dire progrès matériel alors que dans les langues française et anglaise, cette distinction n’existe pas. C’est pourquoi la Conférence a employé le mot Civilisation avec la double signification comme Culture et comme Civilisation.[41]

Les débats et les divergences de vues concernant Culture et Civilisation font ressortir clairement les faits suivants:

(1) D’une part, l’homme doit évoluer moralement et spirituellement pour s’ennoblir, pour se perfectionner et pour rendre les autres semblables à lui-même au point de vue de perfection.

(2) D’autre part, l’homme doit améliorer sa situation, son milieu pour que sa vie soit plus belle, plus gaie, plus heureuse.

(3) Bref, l’homme doit se perfectionner, se développer à tous les points de vue, dans tous les domaines.

(4) Partant, ceux qui ne s’efforcent pas d’évoluer, de s’améliorer, d’améliorer leur situation, se contentant de jouir, de vivre au jour le jour, ceux-là seront écartés du mouvement général d’évolution, et ne contribuent en rien à l’oeuvre d’édification de la Civilisation et de la Culture.

(5) À bien réfléchir, la Civilisation et la Culture ne sont que des processus d’épuration, de perfectionnement de l’homme, ennoblissant, purifiant, améliorant, exaltant tout ce qui laisse encore à désirer.[42]

(6) Cette œuvre de perfectionnement s’effectue simultanément ou successivement sur deux plans différents: spirituel et matériel.

(7) A première vue, ces deux états de chose semblent s’opposer l’un à l’autre. Mais à bien considérer, ils contribuent tous deux à la «Grande Œuvre» de la nature: Œuvre de perfectionnement, de sanctification voire même de divinisation des hommes.

Le I Ching a dit à ce sujet:

«Le Ciel et la Terre s’opposent l’un à l’autre,

Pourtant ils participent à la même tâche,

Garçon et fille s’opposent, mais ils sont dotés d’une même volonté.

Tous les êtres s’opposent, mais coopèrent à une même œuvre.» [43]

S’opposer l’un à l’autre, lutter l’un contre l’autre, se concurrencer mutuellement, c’est simplement pour promouvoir des transformations lesquelles permettront aux hommes «d’atteindre leur vraie nature, de réaliser leur destin grandiose et d’accéder à l’harmonie universelle.» [44]

Gosala, un philosophe indien, a dit de même:

«Tout l’univers progresse sur le chemin de l’évolution au cours de laquelle l’humanité entière le fou comme le sage, en obéissant à la loi prédéterminée de la nature, peut atteindre la perfection d’une façon spontanée sans fournir d’effort, grâce à une transformation graduelle.» [45]

6. Culture: Activité créatrice

Certains mettent l’accent sur l’activité créatrice dans la Culture et prétendent que Culture signifie activité créatrice.

Campagnolo soutient que la Culture est la création des valeurs qui ne sont ni la reproduction, ni la dérivation des valeurs existantes, mais s’orientent toujours vers le renouvellement.[46]

Francisco Roméro, un écrivain espagnol, définit la Culture comme la vie de l’Esprit, la création incessante de l’esprit qui s’objective par la littérature, les arts, la science, la philosophie, les us et coutumes et les règles de convenance sociale.[47]

7. Culture: ce qui est partagé et transmis

D’autres disent que la Culture peut se définir essentiellement par ce qui est partagé et transmis.

S’il en est ainsi, la culture est un phénomène social consistant en appels et en réponses, en participation collective.

La culture n’est pas un bien personnel, mais collectif.

Si la Culture est quelque chose de partagé, de transmis qui doit être assimilé et sauvegardé à travers les âges, on comprend qu’un homme de culture qui a des vues erronnées, des idées fausses nuira à plusieurs générations.

Cette considération devrait inciter les promoteurs de la culture à être très dirconspects dans leurs pensées et dans leurs paroles.

A propos, il est bon de nous rappeler les paroles du I Ching:

«L’homme supérieur restant chez lui, prononce-t-il de bonnes paroles, à plus de mille lis à la ronde, on lui répond sympathiquement; combien à plus forte raison, ceux qui sont proches! Restant chez lui, prononce-t-il de mauvaises paroles, à mille lis à la ronde, on s’écartera de lui; combien à plus forte raison, ceux de son voisinage! La parole une fois exprimée agit sur le peuple; l’action une fois déclenchée a des répercussions dans le lointain.

Les paroles et les actes d’un homme sont donc des mécanismes qui une fois mis en branle, vont tôt ou tard engendrer soit l’honneur soit l’opprobe à leur auteur.

On comprend alors que les paroles et les actes du sage suffisent à ébranler le ciel et la terre. C’est pourquoi, il doit être très circonspect dans ses paroles et dans ses actes.» [48]

8. Culture: Tout ce qui rend la vie plus belle

Certains estiment que la Culture englobe tout ce qui rend la vie plus belle, plus charmante, plus colorée, plus attrayante, bref, tout ce qui la rend plus pictoresque, plus poétique, plus digne d’être vécue.

Eliot écrivait: «À l’égard de la société, la Culture englobe toutes les activités spécifiques d’un peuple, comme pour les Anglais le jour de course à Derby, la compétition des voiliers à Henley, la compétitition des yatchs à Cowes, le 12 Août, les courses des chiens, le jeu de lancement des flèches, ou le fromage de Wensleydale, le chou cuit coupé en tranches, la betterave marinée dans le vinaigre, les églises gothiques du XIXè siècle et la musique d’Elgar.» [49]

S’il en est ainsi, sont effectivement des manifestations de la Culture: les chansons populaires qui s’exhalent plaintivement des champ de riz, les élégies qui s’égrènent mélodieusement sur les flots des rivières; les cabanes en bambou qui se profilent éparses sur les flancs des montagnes; qui perchent indécises entre des rangées de sapins, de pêchers et de saules; qui se profilent noyées dans la fumée, dans les nuages, ou illuminées par les derniers rayons du soleil couchant; les festivités; les réjouissances; les pans de robes de soie brodées qui flottent au gré des vents… Toutes ces choses sont bel et bien des manifestations de la culture au même titre que les sermons, les homélies, ou les leçons de morale prononcés dans les églises ou dans les écoles; au même titre que les palais, les châteaux, les monuments architecturaux antiques ou modernes qui s’élancent arrogamment vers le ciel comme pour lancer un défi aux intempéries…

9. Culture: Evolution vers l’idéal

D’aucuns conçoivent que la Culture est l’évolution de l’humanité de l’état brut à l’état raffiné; l’effort déployé par elle pour tendre vers une vie idéale, et toutes les réalisations acquises au cours de ce processus.

Ainsi, les Hindous désignent la Culture par le vocable de Sanskrit, mot dont racine veut dire purifier, transformer, exalter, façonner et perfectionner.

Un homme cultivé est pour eux un home qui s’est soumis à une discipline, qui est parvenu à maîtriser ses instincts et qui s’est façonné lui-même conformément à la morale.[50]

Arnold soutient que la culture est l’effort déployé par l’homme pour parvenir à un niveau de vie plus élevé, pour tendre vers la perfection.

Les moyens pour réaliser cette ascension sont précisément fournis par la littérature, les arts, l’étude des pensées et gestes de nos célèbres prédécesseurs.[51]

Arnold distingue dans la culture deux éléments constitutifs:

a. l’effort fait par l’homme pour parvenir à la perfection.

b. tous les livres, tous les documents de valeur que nous lèguent nos devanciers.[52]

Nguyễn Đăng Thục associe Culture et évolution. «La Culture, dit-il, signifie Évolution. Elle progresse de l’état brut à l’état raffiné; du vil au noble; du matériel au spirituel.» [53]

Tous les penseurs précités, quoique s’exprimant différemment, soutiennent tous que la Culture est un processus d’humanisation, de sublimation; un effort d’évolution vers l’Être, vers l’Idéal.[54]

C’est là aussi une des conceptions classiques et traditionnelles de la Culture.[55]

10. Culture: Mode de vie d’un peuple, d’une société

Les sociologues, les ethnologues, de leur côté, cherchant à éviter l’emploi du mot «esprit», condammant toute subjectivité et toute finalité, se bornent à définir la Culture comme le mode de vie d’un peuple, d’une société humaine. Malinowski, par exemple, décrète qu’en étudiant la Culture, on étudie tout un mode de vie d’une  société.[56]

Henri de Man soutient que la «Culture» est une configuration de la vie reposant sur la croyance commune à une hiérarchie de valeurs déterminées. Cette hiérarchie de valeurs donne à la vie une signification précise.[57]

Linton a une conception similaire: «La culture d’une société, dit-il, est le mode de vie de ses membres. C’est l’ensemble des idées et des habitudes qu’ils acquièrent, partagent et transmettent de génération en génération. La culture fournit aux membres de chaque génération des solutions efficaces et toutes prêtes pour la plupart de problèmes qui se poseront vraisemblablement. Ces problèmes sont eux-mêmes soulevés par les besoins d’individus vivant au sein d’un groupe organisé.» [58]

Il s’ensuit que la Culture n’est pas seulement un mode de vie, mais elle encore une conception de la vie.[59]

Toute une école de sociologues anglo-saxons a été conduite à donner une définition de la culture. Pour eux, le mot Culture qui évoquait le raffinement intellectuel et moral, le développement des arts, désigne maintenant maintenant la totalité des comportements de tout un peuple.[60]

Ainsi à l’égard des anthropologistes, le mot Culture prend aujourd’hui une signification toute nouvelle. Jadis la Culture consistait en un esprit et des œuvres qui se distinguaient de la pratique et du quotidien. Elle était l’idéal, la vie idéale du genre humain.[61]

Aujourd’hui, on estime que la Culture est seulement le reflet de la vie réelle et quotidienne avec ses qualités et ses défauts.[62]

Bien plus, les anthropologistes, au nombre desquels se trouve Claude Lévi Strauss, tendent à rejeter de plus en plus l’ancienne conception étroite selon laquelle seule «notre culture» est bonne à l’exclusion de toutes les autres; seule la culture moderne est bonne au détriment de toutes les autres cultures anciennes.

Pour eux, une telle conception est maintenant périmée. Et l’on est amené à reconnaître que jadis comme aujourd’hui, c’est toujours le même homme, la même raison, le même sentiment, les même capacités qui entrent en jeu; c’est seulement par suite des temps différentes, des circonstances différentes, des conceptions de vie différentes, qu’on a des comportements différents, des modes de vie différents, des organisations et des institutions différentes.

Cette conception nous fait penser à la fameuse distique relatant le dialogue historique entre les deux gens de lettres vietnamiens sous la dynastie de Gia Long:

«Qui sera marquis, qui sera général, dans ce monde changeant, comment peut-on le savoir à l’avance?

«À l’époque de Tchén Kouo comme à l’époque de Tchén Kouo; à l’époque de Tch’ouen Ts’iou comme à l’époque de Tch’ouen Ts’iou, on doit toujours se plier aux injonctions des circonstances.» [63]

D’ailleurs, on a commencé aujourd’hui à étudier les cultures avec plus de compréhension et d’ouverture, s’attachant à découvrir les divergences dues aux effets du temps, de l’espace, et des actions humaines; comme aussi à découvrir les points de vue communs, essentiels et universels cachés sous le voile bigarré des manifestations extérieures .[64]

D’ailleurs, on est obligé de reconnaître que depuis la période préhistorique même, il existait déjà de hautes cultures. Et c’est une erreur de croire que la Culture datait seulement de la période hellénistique. L’attestation de cette ancienneté est prouvée notamment par la découverte des peintures murales extrêmement réussies, faites par des primitifs dans les grottes de l’Europe, à Altamira (Espagne), à la Meuthe (Dordogne-France), à Pont de Gaume ou à Lascaux.[65]

Bien plus, des anthropologietes comme Claude Lévi Strauss, ont osé même avancer que la Culture du Néolithique était une des meilleures Cultures depuis l’origine jusqu’à nos jours.[66]

Notre étude sémantique de la Culture en a ainsi fait ressortir un certain nombre de définitions:

1. La Culture c’est le niveau intellectuel, le savoir d’un homme.

2. La Culture c’est la formation intellectuelle et morale de l’homme.

3 La Culture c’est l’œuvre éducatrice de l’homme, le système d’éducation nationale.

4. La Culture c’est Belles Lettres et Arts.

5. La Culture c’est l’activité de l’esprit, par opposition à la Civilisation.

6. La Culture c’est la création de nouvelles valeurs.

7. La Culture c’est tout ce qui partagé et transmis.

8. La Culture c’est tout ce qui donne à la vie plus de sens, plus de poésie et de valeurs.

9. La Culture c’est l’évolution vers l’idéal.

   10. La Culture c’est un mode de vie spécial d’une société, d’un peuple.

Ces diverses définitions se ramènent à un certain nombre de rubriques:

1. La Culture englobe et le Divin et l’Humain. Elle embrasse religion, morale, philosophie, Lettre et Arts.

2. La Culture est simplement tout de qui est Humain, et partant elle diffère à la fois de la religion et de la civilisation.

3. La Culture comprend à la fois l’humain et le physique. Elle embrasse donc Humanités et Sciences; Littérature et Technique. Elle est à la fois Culture et Civilisation.

4. La Culture est tout. Elle englobe religions, arts, littérature, politique, science, technique etc…

Nous voyons donc que la Culture est un terme dont le fond varie avec les points de vue de l’auteur.

Étudiée au point de vue finaliste, la culture apparaît comme l’évolution de l’homme vers la perfection.

Considérée au point de vue empirique et utilitaire, la Culture est la formation de l’homme pour le rendre apte aux besoins des différentes époques.

Théoriquement, la Culture est une conception de vie.

Pratiquement, la Culture est un style de vie particulier d’un peuple à une époque donnée, dans des cirsonstances données.

Nous pouvons donner à la Culture une teinture idéologique. Ainsi nous disons: Culture confucéenne, Culture catholique, Culture bouddhique, Culture musulmane, Culture communiste etc…

Nous pouvons décrire la Culture en termes philosophiques. Nous disons par exemple: Culture spirituelle, Culture matérialiste…

Nous pouvons encore qualifier les Cultures différemment selon les tendances prédominantes de chaque époque. Ainsi nous disons: Culture humanitaire, Culture technique.

Nous pouvons aussi catégoriser les Cultures différemment selon les inventions majeures et catactéristiques des temps historiques. Nous disons: Culture paléolithique, Culture mésolithique, Culture Néolithique…

Nous pouvons enfin mettre à contribution les points cardinaux, la géographie, les nationalités, les races pour classifier les Cultures. Nous disons par exemple: Culture orientale, Culture occidentale, Culture chinoise, Culture française, Culture vietnamienne, Culture Champa etc.

En somme, toutes les écoles, toutes les tendances reconnaissent que la Culture englobe touts les efforts, toutes les méthodes visant à améliorer la condition humaine, à développer les potentialités humaines; qu’elle a pour but de transformer, de rénover, de façonner l’homme.

La Culture donne toujours à l’homme une orientation, une prise de position déterminée.

Synthétisant tous les points de vue sus-mentionnés, nous pouvons conclure que:

(1) La Culture est un mode de vie particulier d’un individu, d’un groupe, d’une société, d’un peuple.

(2) Elle est née des idées, des sentiments, des tendances, spéciales qui serviront à la fois d’armature sociale et de principes directeurs.

(3) Elle se manifeste et se concrétise grâce à la littérature, aux arts, à la religion, à la politique, à la vie sociale.

(4) Elle s’identifie avec le vie quotidienne grâce aux coutumes, lois règlemants, organisations, modes d’habillement, instruments caractéristiques.

(5) Elle peut être transmise, conservée par le langage, la tradition l’instruction.

(6) Elle est l’ensemble des efforts déployés par l’homme pour sa propre amélioration, pour l’amélioration de la famille, de la nation de la société, aux fins de s’assurer une vie bien différente des bêtes, une vie noble et digne, une vie, si possible, libre, heureuse, idéale, et sainte.

(7) La Culture a pris naissance dans la vision du Vrai, du Bien et du Beau. Elle est l’effort déployé par l’humanité pour tendre vers le Vrai, Le Bien et le Beau. Elle a pour but de réaliser le Vrai, le Bien et le Beau…

 

III. ETUDE ETYMOLOGIQUE ET ANALYTIQUE DE LA CULTURE

Après avoir commenté, les diverses significations de la Culture, nous allons approfondir le sujet, cherchant à en étudier l’étymologie et les éléments constitutifs.

A. Etude étymologique

1. Tout d’abord, analysons le terme Culture. La Culture, d’après son sens propre, veut dire action de cultiver. C’est donc l’ensemble des procédés, des travaux, propres à favoriser la croissance des plantes, des céréales. Ce sont là des méthodes, des techniques extrinsèques ayant pour but de développer les possibilités innées et intrinsèques des plantes et des céréales.

Pareillement, la Culture, au sens figuré, englobe toutes les méthodes, toutes les techniques extrinsèques ayant pour but de développer les facultés innées et intrisèques de l’homme.

Autrement dit, la Culture aide à la croissance, au développement des talents et des facultés qui existent à l’état latent dans l’homme.

Le problème ainsi clairement posé, nous voyons immédiatement que les philosophes, évolutionnistes, comme Herbert Spencer, sont dans l’erreur quand ils soutiennent que rien n’est inné, et que tout est acquis, autrement dit, que l’homme évolue d’une manière ou d’une autre, exclusivement selon l’influence du milieu et de la société.[67]

Dans le No 84 de la Revue Nam Phong, Phạm Quỳnh a employé la terminologie réservée à la Culture au sens propre commenter la Culture au sens figuré.

Il écrit:

«Qu’est-ce que la Culture? La Culture est la formation, l’amélioration de l’esprit et de l’intelligence des hommes; la réalisation des œuvres grandioses, des entreprises d’envergure qui contribuerent au prestige de la nation.

«Si l’on assimile l’homme à une plante, la Culture est donc la façon de planter, de fertiliser, d’arroser «cette plante humaine» pour qu’elle puisse se développer, fleurir et fructifier, embellissant ainsi le grand jardin de l’univers.»

Et il ajoute:

«Les germes Hồng, les bourgeons Lac, autrement dit, nous autres Vietnamiens, nous ne sommes pas des herbes vulgaires, que produit la nature. Pourquoi alors, nous laissons-nous dépérir, faute de soins et de culture adéquate?

«S’il en est ainsi, c’est que nous n’avons pas encore trouvé une méthode de culture rationnelle.

«En effet, si nous continuons à pratiquer les méthodes anciennes, nous n’obtenons que des pièces rabougries, minuscules, propres tout au plus à être exposées comme plantes d’agrément dans des pots de faïence, dans des bassins en miniature.

«Si l’on veut au contraire, appliquer les méthodes nouvelles, on n’obtient hélas que des espèces de plantes parasites qui ne végètent que grâce aux grands arbres auxquels elles s’accrochent. Mais une fois détachées de leurs tuteurs, faibles et molles qu’elles sont, vivront-elles?

«Les gens d’élite de notre nation sont maintenant hélas comparables à ces plantes parasites, à ces plantes d’agrément, comment pourront-ils donc obtenir une brillante situation dans le monde?»

Il poursuit:

«La Culture est l’ensemble des méthodes tendant à forger l’esprit de l’homme. Le terme Văn Hóa est la traduction du terme français «Culture» qui au sens propre signifie l’art de cultiver.

L’homme étant assimilé à une plante, la culture consiste donc à faire épanouir toutes ses facultés. La plante devient belle, si elle est bien cultivée et soignée; l’homme devient meilleur s’il est bien éduqu酻

2.Étudions maintenant le vocable sino-vietnamien Văn Hóa.

Etymologiquement, celui-ci peut-être interprété de trois façons:

a. Agir sur autrui par le Beau.

b. Seul ce qui est beau peut toucher l’homme.

c. L’accès à la beauté et là noblesse se fait grâce à l’évolution.

(a) Tout d’abord, si Culture veut dire utilisation du Beau pour agir sur autrui, il est évident que la Culture va englober littérature et art; tout ce qu’il y a de meilleur dans l’humanité, acquis et transmis à travers les âges comme contributions spécifiques et héritage précieux de chaque génération.

Nous comprenons alors pourquoi depuis toujours, on a recours aux lettres et aux arts pour agir sur les hommes.

(b) Le Beau est susceptible d’émouvoir l’homme. Si l’on s’en tient à cette explication, on peut scinder l’humanité en deux groupes:

(1) Une minorité comprenant des hommes cultivés, distingués, évolués.

(2) Une majorité comprenant des hommes grossiers, arriérés.

Le premier groupe doit guider, transformer le second groupe. D’où de dicton: «L’évolué doit instruire l’arriéré».

Qui plus est, les hommes de Culture, devraient être des hommes polis, distingués et nobles non seulement dans leur comportement et dans leurs œuvres, mais encore en âme et en esprit. Ce n’est qu’à cette condition, ils peuvent influer profondément sur les autres.

(c) Le terme Văn Hóa peut également être compris comme il suit: «L’accès au beau suppose des transformation préalables».

S’il en était ainsi, ne craignons plus de nous transformer. Cependant, nous évoluons, non pas n’importe comment, mais seulement vers une vie plus digne, plus belle, plus heureuse, plus libre et plus généreuse.

Il s’ensuit que la Culture est la somme des efforts déployés par l’homme pour transformer tout aussi bien le milieu environnant que son âme et son esprit, pour s’assurer le bonheur, la noblesse, la beauté à tous les points de vue.

Dans ces conditions, sera donc une œuvre de culture, la transformation, par exemple, du désert en terre fertile, en rizières et en vergers florissants, apportant au pays richesses, prospérité, et magnificence.

Si avec un pinceau et des couleurs, un peintre fait surgir de la toile ou du papier des paysages féériques, il aura accompli une œuvre du culture. À plus forte raison, ceux qui, à la sueur de leur front ou grâce à leurs talents, œuvrent pour le bien de leur pays et du monde entier, ceux-là ne sont-ils pas à just titre des gens de culture éminents?

Si culture veut dire transformation et amélioration des choses de ce monde, alors, un politicien ou un sociologue qui par son action eût réalisé pour l’humanité une vie belle, heureuse, libre et prospère, celui-là serait aussi un homme de culture éminent.

Si un artiste, mettant à profit sa voix merveilleuse, ses rares talents pour égayer momenttanément ses semblables, peut être appelé un homme de culture, combien ne le seront-ils pas, à plus forte raison, ceux qui parviennent à faire naître aux 1èvres des jeunes filles des sourires spontanés, à favoriser un heureux épanouissement de vie sur les visages de leurs concitoyens, à tarir la source de tristesses humaines, à répandre le bonheur sur la terre!

Si par transformation, on obtient le beau, le parfait; si nous pouvons agir sur le milieu extérieur pour l’embellir, nous pouvons de même agir sur notre for intérieur pour le perfectionner.

D’ailleurs, nous tous, nous avons une réserve inépuisable de belle potentialités qui n’attendent qu’à être travaillées, transformées, pour se manifester, pour s’épanouir pleinement.

Concevoir ainsi la Culture, c’est envisager pour nous un avenir sans limite, une perspective parfaitement belle.

Nous voyons donc que le but de la Culture est non seulement de nous aider à obtenir des améliorations d’ordre extérieur, matériel, social et corporel, mais encore et surtout d’apporter à notre âme et à notre esprit tous les attraits d’une beauté sublime, surnaturelle, nous permettant d’accéder à la dignité des saints, des dieux.

La responsabilité la plus lourde, la mission la plus noble pour un homme de culture consistent à réaliser pour lui-même comme pour ses semblables ce suprême objectif.

Bref:

Tout l’univers est mis au service de l’homme,

Fils de l’homme maintenant, nous serons des fils de Dieu dans l’avenir.

Accédons au sanctuaire de notre âme, et nous verrons se dévoiler les grands mystères de Dieu et les grandes merveilles de la Nature.

Qu’il n’y ait plus de dissensions entre l’Orient et l’Occident!

Apparement en effet, nous appartenons à des nations différentes, mais essentiellement, nous sommes un.

Oublions alors montagnes et mers, oublions barrières et séparations.

Unissons-nous en un seul corps mystique et la paix va régner partout …

B. Analyse structurale de la Culture

Notre étude étymologique de la Culture a fait suffisamment ressortir que ce vocable est très riche en significations.

En effet, la Culture, comme nous l’avons vu, englobe, en fait, toutes les activité humaines considérées comme des efforts tendant à réaliser une vie toujours plus belle, plus noble, plus parfaite.

Nous avons ainsi donné au vocable Culture plus de vitalité et plus de potentialités. Nous avons ainsi en perspective une vie future pleine de promesses, une vie idéale et parfaite qui pourtant n’appartiendrait pas au monde des chimères, mais que nous tâcherons de réaliser, en y convergeant tous nos efforts, nos activités et nos aspirations légitimes.

En élargissant ainsi les horizons de la Culture, nous n’avons pas fait fausse route, car les linguistes, les sociologues et les ethnologues ont fait de même.

Sorokin par exemple, note que la Culture comprend:

1- Le Langage

2- La Science

3- La Religion

4- La Morale.[68]

L’Encyclopédie Britannique, dans sa 9ème édition, remarque que la Culture englobe: Religion, Politique, Littérature, Science, Philosophie, Arts, Musique, etc…[69]

Lý Đảnh Thịnh dans son dictionnaire Hiện đại dụng ngữ từ điển (Dictionnaire des termes courants contemporains), divise les éléments de la Culture en trois catégories structurales:

1- Les infrastructures matérielles.

2- L’organisation sociale.

3- La vie spirituelle.[70]

Félix Sartiaux et Đào Duy Anh décomposent la Culture en:

1- Vie économique

2- Vie sociale

3- Vie intellectuelle.[71]

Đào Duy Anh précise que la Culture n’est rien autre que l’ensemble des moyens d’existence de l’espèce humaine, c’est pourquoi on peut déclarer que la Culture n’est rien autre que la vie.[72]

Ainsi au fil des temps, le domaine de la Culture s’est élargi immensément à tel point qu’elle englobe toutes les activités humaines.

Si donc on tentait d’enfermer la Culture dans un cadre défini, on se heurterait certainement à de grandes difficultés.

Après mûres réflexions, il serait extrêmement difficile d’assigner un cadre quelconque à la Culture, car si la Culture est l’ensemble des efforts déployés par l’homme pour bien vivre, pour mieux être, alors tous les efforts qui tendent à réaliser une vie confortable, généreuse, à donner à la société une organisation juste, des divertissements sains, des festivités, des réjouissance communes, ces efforts-là ne sont-ils pas des activités culturelles au même titre que les principes et les leçon morale?

Cette vue générale et globale nous aide à comprendre pourquoi certains associent Culture et Religion, Culture et Politique, Culture et Civilisation alors que d’autres dissocient Culture et Religion, Culture et Politique, Culture et Civilisation.

Ces prises de position résultent en effet de ce que l’on veut ou non donner une limite à la Culture.

L’Analyse structurale de la Culture, comme l’ont fait Lý Đảnh Thịnh, Felix Sartiaux, et Sorokin est certainement très pratique pour l’étude de la Culture. Cependant, elle ne fait pas resortir l’enchaînement causal entre les différents facteurs de Culture.

Pour faire ressortir cet enchaînement causal, on pourrait diviser la Culture aussi en 3 parties, mais d’une autre façon.

Pour nous, la Culture englobe:

1. Les principaux concepts concernant l’univers et l’homme, en un mot, une conception générale de la vie (Weltanschauung).

2. Les méthodes qu’on emploie pour diffuser cette conception de la vie et l’appliquer à la vie sociale courante.

3. Le style de vie d’une communauté, d’une société, se modelant sur cette conception de vie.

Grâce à cette distinction, nous voyons que la culture est en somme un mode de vie particulier à une région, à un peuple ou à une société. Elle comprend:

1. Une conception de la vie caractérisée par des idées essentielles et directrices d’ordre religieux, moral ou philosophique.

2 Les méthodes visant à l’expression et à la diffusion de ces idées, de cette conception de la vie, englobant en somme tous les moyens de propagande et de vulgarisation: littérature, art, musique, cinéma; bref, tous les procédés de persuasion, d’information et de propagande susceptible de capter les masses.

3 Les modes de vie d’un peuple en conformité plus ou moins grande avec ces idées-forces: comportement et réactions quotidiennes, us et cotumes, cérémonies et rites, régissant les activités individuelles et sociales de ses membres depuis la naissance jusqu’à la mort.

 

IV. L’EVOLUTION DES CULTURES – LES TROIS FORMES CULTURELLES AU COURS DES ÂGES

A. L’Evolution des cultures

Si nous considérons la Culture comme une conception de vie, qui s’est déjà infusée et traduite dans le style de la vie d’une communauté humaine, nous serons en mesure de suivre l’évolution d’une culture depuis son origine jusqu’à son plein développement, depuis sa grandeur jusqu’à sa décadence.

Nous pouvons dire que grosso mode la vie d’une Culture évolue en 5 stades successifs.

1. Premier stade: Naissance

Toute Culture tire nécessairement son origine d’un système religieux ou philosophique, autrement dit, d’une idéologie, d’une perspective de l’existence humaine.

De tout temps, les promoteurs d’une Culture ont toujours une conception spéciale de la vie, une perspective déterminée de l’existence humaine.

Ils veulent qu’on vive de telle ou telle manière, qu’on organise la société de telle ou telle façon – la seule idéale à leurs yeux.

2. Deuxième stade: Croissance

C’est à stade qu’on doit exprimer, concrétiser les conceptions nouvelles et les adapter à la vie des hommes, en utilisant tous les moyens de diffusion, y compris littérature et arts au risque d’une lutte et en dépit des oppositions et des contraintes.

3. Troisième stade: Plein développement

C’est le stade où tous les organismes d’ordre matériel et spirituel, individuel et social auront pris forme, auront été organisés conformément au plan conceptuel et idéologique donné.

4. Quatrième stade: Stabilisation

C’est le stade où l’on fait état des résultats acquis, où l’on défend à n’importe quel prix, les organismes et institutions déjà créés, les considérant comme des biens absolus, sacrés, intangibles. Ainsi de persécutés, les adeptes de la Culture nouvelle deviennent facilement des persécuteurs.

Ce stade est aussi celui de la vie conditionnée, des habitude et du conformisme. À ce stade, toutes les forces vives ont perdu leur vigueur.

5. Cinqième stade: Décadence

La Culture jadis pleine de vitalité, se trouve maintenant viciée par les moyens de contrainte, chargée de chaînes.

Elle ne cadre plus avec la vie réele de l’homme, elle se révèle incapable de résoudre les problèms actuels de la vie, incapable de mettre fin aux inquiétudes et aux tourments actuels de l’homme. On commence à douter, à dégoûter de cette forme de culture, à vouloir la reviser, la réformer partiellement ou totalement.

Dans l’étude de la culture, certains se préoccupant de la perspective idéale qui prime à l’origine d’une culture, définissent la Culture comme un idéal.

D’autres étudient seulement la Culture au point de vue pratique et réaliste, c’est-à-dire quand elle est déjà incarnée dans la vie quotidienne de l’homme avec toutes ses caractéristiques. Ils considèrent alors la culture comme l’ensemble de tout ce qui rend la vie digne d’être vécue, comme l’ensemble des coutumes, des festivités, des réjouissances et des distractions publiques…

B. Les trois formes culturelles au cours des âges

Si nous étudions l’histoire de l’humanité d’une manière superficielle, nous croyons qu’il y a des milliers de cultures différentes, et nous voulons dire avec Henri de Man: «Il y a autant d’ordres culturels que de communautés où l’on croit à une hiérachie de valeurs différentes.» [73]

Cependant, si nous nous donnons la peine de comparer entre elles les différentes formes de culture, si nous les serrons de plus près, nous verrons que toutes les cultures du monde se ramènent à quelques formes culturelles principales.

Plusieurs hommes de culture ont déjà cherché à classifier les cultures.

J. Toynbee par exemple, en se basant sur des critères nationaux et raciaux, dénombre en tout et pour tout 21 ou 26 groupes différents de cultures.[74]

Spengler et Sorokin, de leur côté, se basent sur les tendances et les capacités d’un peuple pour diviser les cultures en 3 groupes principaux.

Ainsi, selon Spengler, il y a: la culture Apollinienne ou divine; la culture magique; et la culture Faustique ou technique.[75] Sorokin lui répartit la Culture en 3 groupes: Culture spirituelle, Culture intermédiaire, Culture matérielle.[76]

A mon avis, les cultures pourraient être aussi réparties en 3 groupes, basés sur les conceptions cosmogoniques et humaines comme sur les buts et les perspectives des différentes époques:

a. Premier groupe: La culture divine ou la culture spirituelle

Cette forme culturelle vise à enseigner à l’homme une méthode efficace pour réaliser une vie spirituelle, sur naturelle et parfaite. Elle enseigne donc la voie des Saints, des Boudhas, des Dieux, brefs des hommes parfaits dont les dénominations varient selon les temps et les lieux. C’est la voie des dieux, la Culture des Dieu.

b. Deuxième groupe: La Culture humaine

Cette forme culturelle s’efforce de rénover, de transformer l’âme et l’intelligence humaines.

Elle aide les hommes à évoluer, à mener une vie noble et digne. C’est la voie des hommes, la Culture humaine.

c. Troisième groupe: La Culture technique ou matérielle

Celle-ci prône la rénovation de la vie sociale, l’organisation de la vie nationale, de l’économie, de la technique, de la vie matérielle du peuple. C’est la culture matérielle.

On peut dire que cette division des cultures repose sur des critériums solides.

Tout d’abord, elle repose sur la conception tripartite de l’homme.

Etymologiquement, elle correspond aux trois définitions du mot «Culture» de la langue latine.

1. Culture de la terre (Agricultura ou Agricultus).

2. Culture de l’homme (animi cultura ou animi cultus).

3. Cultures des dieux (Dei cultura ou Dei cultus)

Elle correspond à la conception tripartite du macrocosme et du microcosme du Yiking, et de la philosophie orientable:

- Dieu, Homme, Terre (Nature)

- Esprit, Âme, Corps.

On aura encore reconnu dans cette division le schéma des trois ordres selon Pascal:

- le monde de la charité.

- le monde de l’esprit.

- le monde de la chair.1

Avec leurs modes respectifs de connaissance, à savoir:

- l’intuition ou l’illumination.

- La connaissance discursive.

- La connaissance empirique.[77]

Elle correspond encore à la conception tripartite de l’homme professée par plusieurs écoles philosophiques occidentales anciennes. Les Valentiniens par exemple, répartissent les hommes en 3 groupes:

- les spirituels ou divins.

- les psychiques ou humains.

- Les hyliques ou matériels.[78]

Il est à noter que chaque peuple a une prédilection et une prédisposition pour une forme culturelle donnée.

Ainsi d’après J. Laloup, «l’Inde s’est évadée vers l’approfondissement des mystères de l’homme et de Dieu. La Chine a cultivé spêcialement l’art difficile des relations humaines. L’Occident s’est spécialisé dans la connaissance et la domination du monde matériel» [79].

Personnellement, je pense que l’Orient serait versé davantage dans le Divin; le Proche Orient et le Monde Méditerranéen s’occupe plutôt de ce qui est humain; l’Europe (Septentrionale et Atlantique) et l’Amérique se sont spécialisées dans la connaissance et la domination du monde matériel.

Tout naturellement, ce ne sont là que des hypothèses de recherche; des distinctions factices pour nous permettre de voir plus clair, de comprendre plus facilement le problème. Mais la réalité est autrement plus compliquée.

Creusons davantage:

I. La première culture est la culture spirituelle et divine (déjà réalisée comme nous l’avons vue en Inde, en Chine, en Égypte antique). Pour elle:

- L’Univers et l’homme sont l’expression, la manifestation de l’Absolu.

- Il s’ensuit que l’homme a une origine divine, et qu’il est de nature divine.

- L’homme peut donc devenir un dieu, s’il sait s’instruire et se perfectionner.[80]

- Sur le plan religieux, cette culture met l’accent sur la méditation, la concentration, l’illumination, ou la gnose, soutenant que le salut ne s’obtient que grâce à la gnose et à l’auto-perfectionnement.

- Au point  de vue politique, cette culture professe que Dieu gouverne le monde par l’entremise des Saints-Rois (Théocratie). Ceux-ci devraient être donc des modèles de perfection pour le peuple. Ils sont à la fois chefs politique et chefs religieux (Rois-Pontifes).

Une fois mise en pratique sur une grande échelle, cette forme culturelle prend deux expressions différentes:

1. Un petit nombre d’adeptes et de disciples parviennent en fait à l’illumination, parviennent en fait à se sanctifier, à se diviniser. C’est l’ésotérisme ou l’hermétisme.

2. La majorité des gens au contraire exercent simplement le culte rituel de Dieu ou des dieux; tâchent de mener une bonne vie, dans l’espoir de rémunération ou par peur des sanctions dans ce monde ou dans l’au-delà. C’est l’exotérisme.

Entre ces deux expressions-limites, il y a place pour spiritisme, magie, talismans, incantations, amulettes … dans le but de se mettre en relation plus ou moins directe avec les esprits, de commander aux éléments ou de tirer profit de la crédulité du peuple.

Théoriquement, cette forme de culture est la plus haute; mais pratiquement, très peu d’hommes sont en mesure de la bien comprendre et de la réaliser.

Quant à la masse, elle ne fait que compter sur la Providence, sur le sort, et ne songe pas à se développer, à devenir forts et libre, à s’émanciper.

Bien plus, cette culture tend à négliger l’aspect matériel de la vie, le considérant comme éphémère et illusoire.

On comprend alors pourquoi la faim et les misères physiques constituent une menace constante pour les masses vivant sous l’emprise de cette culture.

II. La deuxième culture peut eâtre considérée comme la culture humaine (culture humaniste)

Cette forme de culture considère l’univers et l’homme comme des créatures de Dieu.

- Au point de vue religieux, elle soutient que l’homme doit se consacrer au culte de Dieu ou des dieux (monothéisme ou polythéisme), faire le bien, éviter le mal, et cela à cause des sanctions de l’au-delà.

Et comme l’au-delà est au premier rang de ses préoccupations, cette culture n’attache pas beaucoup d’importance à la vie actuelle ou temporelle.

- Au point de vue moral, elle encourage la pratique des vertus, préconise la bonne entente humaine, en même temps qu’une vie digne et noble.

- Au point de vue politique, cette culture fait une distinction entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel.

Les dirigeants politiques et religieux tout à tour se partagent ou se disputent le pouvoir sur le peuple, le monopole d’exploitation du peuple.

Cette culture met l’accent sur les relations entre homme et Dieu, entre homme et homme, entre église et état. Mais elle aussi n’attache pas d’importance aux problèmes économiques et matériels, c’est pourquoi elle n’offre pas de solutions adéquates aux problèmes que posent la misère physique et la corruption sociale.

III. La 3ème forme culturelle est la culture matèrielle et technique

Elle écarte à priori et considèrent comme non avenus les problèmes de la création, de l’existence de Dieu.

Loin de se tourmenter des problèmes d’ordre surnaturel, religieux et métaphysique, elle s’en tient aux questions sociales, économiques, industrielles et utilitaires.

Elle n’est ni spirituelle, ni sentimentale, mais elle se veut réaliste et utilitaire. Elle ne rêve pas de la vie future, de l’au-delà, mais s’efforce d’améliorer, de transformer la condition de l’homme actuel, d’améliorer la vie sociale actuelle, l’orientant vers un standard de vie matérielle et collective meilleur.

Pour elle, l’individu est partie intégrante de la société et dépend totalement de la société.

Tous les problèmes doivent être étudiés, délibérés. Tous les efforts doivent être canalisés vers la réalisation d’une société puissante, égalitaire et juste.

Ce qui revient à dire que toutes les questions relatives à Dieu, à la religion doivent être délibérément écartées. On ne se préoccupe que des problèmes utilitaires de la vie présente et des progrès techniques.

Dans les sociétés préconisant cette forme culturelle, seules la science, la technique et l’efficience sont prises en considération.

- Au point de vue économique et commercial, cette forme culturelle admet ou la libre concurrence ou l’économie dirigée. Cela dépend des vues et des dispositions de la nation sectaire.

* Trois formes culturelles: Trois conceptions différentes de la nature humaine.

Les trois cultures:

- Culture spirituelle ou divine,

- Culture humaine ou psychologique,

- Culture matérielle ou économique,

se sont édifiées chacune respectivement sur une conception différente de l’homme.

- La culture spirituelle est partisane de la conception tripartite de l’homme.

Pour elle, l’homme est tripartite, et possède:

+ esprit

+ âme

+ corps.

Pour elle, Dieu n’est pas éloigné de l’homme. En effet, Dieu réside dans le sanctuaire de l’âme. Inutile donc de chercher Dieu dans des temples faits de mains d’homme,[81] inutile de le chercher hors du temple de l’âme.[82] Elle soutient que l’homme une fois accédé à l’illumination, à la gnose, dépasse en valeur, religion et société.

- La culture psychologique ou humaine est partisane de la conception dualiste ou binaire de l’homme. Pour elle, l’homme est corps et âme.

Pour trouver Dieu, pour être en communication avec les esprits il faut fréquenter les lieux de culte, il faut recourir aux rites et cérémonies sacramentelles, il faut se fier à l’égise des pasteurs et cela indéfiniment depuis la naissance jusqu’à la mort.

C’est pourquoi, l’homme doit se subordonner à la religion institutionnelle, étant lui-même considéré comme incapable de faire son propre salut. Il ne peut avoir d’opinions contraires à un certain nombre de dogmes considérés comme des vérités intangibles et éternelles; il doit se soumettre complètement à la hiérarchie ecclésiastique.

- La culture matérielle ou technique est partisane de la conception unitaire de l’homme. Pour elle, l’homme n’est que chair. Il n’y a pas d’âme. Il n’y a que vie présente. Pas de vie future!

Dans ces conditions, l’homme n’a pas besoin de religion, il n’a pas à se préoccuper des problèmes de l’au-delà; mais qu’il se consacre à l’organisation, au perfectionnement de sa vie présente, de sa vie terrestre.

- La culture technique peut résoudre de nombreux problèmes matériels, sociaux et humains, mais poussée à la limite, elle pourrait renier à l’homme ses droits à la liberté, à l’indépendance et l’obligerait à se soumettre entièrement à la collectivité, au parti, à la classe dirigeante.

- L’évolution culturelle au cours de temps

À notre avis, ces trois formes culturelles, spirituelle, humaine, matérielle se sont succédées dans le temps.

L’histoire du genre humain semble se dérouler progressivement de l’esprit vers la matière, de l’intérieur vers l’extérieur, de l’individu vers la société; du droit divin au droit humain puis aux lois physiques; de la conception d’une vie individuelle et libre, à la conception d’une vie collective, savamment enrégimentée solidement encadrée dans des institutions religieuses, sociales, politiques, ou corporatives.

Parvenue aux confins de la culture et de la civilisation matérielle, l’histoire rebrousserait chemin, pour s’orienter de nouveau vers une culture humaine puis spirituelle, cette fois-ci mieux comprise, et autrement plus efficace.

L’avenir nous réserve encore bien des mystères et des surprises. L’étude des cultures, basée sur différentes conceptions de la nature humaine nous aurait suffisamment montré que l’homme peut vivre sur différents plans: matériel, physiologique, familial, social, psychologique et spirituel.

Bref, l’homme peut vivre en animal évolué, ou en homme avec toutes les qualités purement humaines, ou même en dieu, en saint, comme les grands Initiés de tous les temps.

 

V. ESSAI SUR UNE DEFINITION DE LA CULTURE ET SUR UNE CONCEPTION NOUVELLE DE LA CULTURE

Après avoir commenté quelques définitions de la Culture, procédé à une étude étymologique et analytique du mot Culture, esquissé l’évolution de la culture, et enfin décrit les trois formes culturelles au fil des temps, il convient, croyons-nous de proposer une définition et une conception personnelle de la culture.

En effet, avancer une définition de la culture, c’est précisément avancer une conception de la culture; mais avancer une conception de la culture, c’est aussi préconiser un certain mode de vie, assigner une certaine perspective, un certain but à la vie.

Tout d’abord, pour définir la Culture, il importe, à mon avis, de choisir une définition extrêmement vivante, ayant une portée étendue, susceptible de s’adapter à tous les milieux et à toutes les époques.

Partant de ces considérations, j’en viens à la définition siuvante:

«La culture c’est l’ensemble des efforts fournis par toutes les générations humaines pour tendre à la perfection, à une vie idéale, à tous les points de vue; c’est aussi l’ensemble des œuvres réalisées, des étapes parcourues sur ce chemin de l’évolution.»

De tout temps, les cultures se sont différenciées précisément à cause des conceptions différentes quant à l’idéal, à la vie idéale, à la condition humaine, à la destinée humaine.

Positivement parlant, la culture est une manière de penser et de voir; une foi, une vision de la condition et de la destinée humaine, imprégnant, exaltant et orientant la vie d’une société ou d’un peuple.

Cette conception de la vie, cette foi en l’avenir, c’est présément cette flammme divine qui rallume notre enthousiasme, qui éclaire notre intelligence, qui nous montre le sens du progrès, l’objectif à atteindre et à réaliser.

C’est pourquoi, gardons-nous de concevoir la culture d’une manière superficielle, la faisant équivaloir à la littérature, aux arts, à l’éducation ou à un mode quelconque de vie. Ce faisant nous abordons encore intact son côté profond et spirituel.

En effet, la littérature et les arts peuvent être envisagés sous des angles très différents: il y a littérature et art de plaisance; il y a littérature et art visant à montrer la voie au peuple, aux nations, au monde entier.

De même, il y a éducation et éducation; et cela en fonction des critères et des buts fixés au préalable.

De même en parlant des modes de vie, il convient d’en préciser les bases idéologiques et les lignes de conduite: vie stagnante ou vie de lutte; conservatisme ou révolution; traditionalisme ou criticisme; vie en profondeur ou vie en surface; statu quo ou progrès; introversion et spiritualité ou extraversion et poursuite matérielle.

En résumé, il importe de chercher, de découvrir l’âme de la culture ainsi que les ressorts et les mécanismes cachés qui en commandent la forme et le comportement extérieur.

Un véritable artisan de la culture doit avoir un esprit fin et perspicace, une conception judicieuse de la vie, une orientation idéale.

Il lui faut de l’exaltation quan il s’agit de réaliser son idéal, ou d’insuffler l’enthousiasme au autres.

Pour moi, la culture est perspective de l’avenir plutôt que souvenir du passé.

La Culture doit être l’expression des efforts créateurs, constructifs et non pas simple attitude de jouissance et de conservation.

Si nous comprenions la Culture comme des efforts du genre humain pour atteindre un mode de vie idéal à tous les points de vue, nous devrions préconiser une culture globale et totale avec des idées de base claires et nettes sur la vie humaine et sur les méthodes propres à la réalisation d’une pareille vie.

Une culture qui préconise une vie parfaite sous tous les rapports pour l’individu, pour l’humainté, ne peut négliger, ni écarter aucun des à côtés, aucun aspect de l’homme. Au contraire, elle doit tenir compte de tout ce qui touche à la vie humaine, c’est-à-dire tous les facteurs matériels et spirituels, psychologiques et physiologiques, religieux et politiques.

En étudiant les cultures orientales et occidentales, anciennes et modernes, nous avons remarqué qu’il y a:

- des nations,  des époques qui attachent de l’importance aux questions d’ordre spirituel; à la culture psychique et spirituelle pour atteindre l’illumination et la délivrance.

- des nations, des époques qui attachent de l’importance aux ques tions d’ordre psychologique et humain, visant à former l’homme avec toutes les qualités inhérentes à son titre d’homme.

- des nations, des époques qui accordent de l’importance aux problèmes scientifiques,  économiques, sociaux et nationaux.

Ces faits historiques nous montrent que l’homme pourrait vivre sur trois plans, différents:

- plan divin, spirituel (culture divine ou spirituelle)

- plan humain (culture psychologique ou humaine)

- plan physique ou matériel (culture matérielle ou technique)

La Culture  Spirituelle comme nous l’avons vu, a pour but de purifier, de sanctiffier l’homme, d’infuser à l’homme la foi en ses potentialités énergétiques. Mentales et spirituelles.

Mais cette culture étant trop sublime, ne pourrait être appliquée à la masse dont les capacités encore limitées et restreintes l’empêchent d’y accéder.

N’étant point en mesure d’en pénétrer l’essence, la masse se laisse vivre, se contentant de la lettres et des symboles de la doctrine divine.

De ce fait, la masse devient la proie facile pour les superstitions.

Tournant le dos à la vie matérielle, la culture divine ne saurait résoudre de façon efficace les problèmes de l’existence matérielle de la masse. C’est là le revers de cette culture.

Toutes ces imperfections ont conduit les philosophes et les dirigeants spirituels à réfléchir sur la nécessité de rechercher pour la masse une doctrine qui lui convienne mieux, une doctrine qui s’attache à l’œuvre de formation et d’éducation de la masse sur le plan moral et social: d’òu rites et protocoles faciles à suivre, vulgarisation de l’enseignement, corps enseignant et autorités hiérarchiques pour tous les échelons et les classes.

Cette culture humaine a pu satisfaire la masse dans une certaine mesure. Toutefois, pour intensifier la propagation de la doctrine, pour mieux s’assurer l’adhésion de la masse, on a étê parfois amené à user des mesures de contrainte barbares et cruelle.

Bien plus, voulant à tout prix standardiser les gens, on a étouffé la liberté spirituelle, on a brisé l’élan créateur à bien des âmes exceptionnelles.

Pis encore, on en est arrivé jusqu’à ignorer, à obnubiler ce qu’il y a de sulblime chez l’homme l’esprit.

Cette culture au reste, est loin de résoudre de façon concrète les injustices humaines, d’éviter à l’homme les cruautés, les misères, la famine, les maladies dont il souffre. Certes il existe des organisations de charité et de bienfaisance qui portent secours dans les cas urgents, mais tout cela n’est pas de nature à exalter la dignité humaine. C’est là le revers de la Culture Humaine.

C’est pourquoi, on en vient à entreprendre des œuvres de rénovation sociale dans le but de réduire au minimum les privations et les misères qui accablent l’homme et de lui assurer une vie plus confortable. C’est l’ère de la Culture Matérielle.

Cependant celle ci a aussi son point faible. En effet, elle ne tient pas compte de la dignité de l’homme; elle se révèle cruelle, astucieuse, intriguante; elle enferme l’homme dans des cadres extrêmement étroits et rigides, voire même supprime sa liberté.

On donne à l’homme son pain quotidien, mais on lui retire la liberté et la dignité.

Aussi, de toutes parts dans le monde, se sont maintenant élevés des S.O.S. «Qui nous délivrera de la mécanisation, et du conditionnement?»

À bien réfléchir, toutes les cultures ont leurs avantages et leurs inconvénients, leurs mêrites et leurs défauts.

Notre devoir est donc de rechercher une nouvelle conception de la culture, une nouvelle culture, une culture vivante qui puisse s’adapter à toutes les circonstances de la vie, une culture polyvalente, à la fois sublime et réaliste, à la fois idéale et pragmatique qui puisse satisfaire les aspirations des hommes de toutes les classes, de tous les âges; qui puisse évoluer avec l’histoire, sans risque d’être éliminée, qui s’adapte aux progrès son ultime objectif; à savoir mener une vie divine et idéale dans un monde parfait, dans une société de, l’âge d’or à venir.

Une telle culture setait naturellement une culture totale, parfaite à tous les points de vue.

Elle sera la synthèse des trois cultures:

       - divine ou spirituelle.

       - humaine ou sociale.

       - matérielle ou technique.

sélectionnant ce qui est bon et éliminant ce qui est mauvais dans les formes culturelles passées.

Cette culture totale a pour but de mettre en lumière et de développer toutes les valeurs, toutes les potentialités de l’homme sur tous les plans, de lui assurer des conditions spirituelles et matérielles favorables au plein développement de leurs facultés d’édifier un société d’entraide mutuelle, heureuse et juste, bref, procurer à l’homme toutes les conditions favorables pour vivre dans le bonheur, un bonheur sans mélange, exempt de soucis, de misères, de maladies, et finalement pour arriver à se sanctifier, se diviniser.

Pour édifier, pour réaliser une culture totale, nous pouvons d’ores et déjà envisager quelques principes directeurs fondamentaux:

1. En premier lieu, il faut être persuadé que l’homme a une origine divine, une nature divine[83] et de ce fait, a la possibilité d’évoluer indéfiniment.

2. En second lieu, il faut savoir que le beau, le parfait existent déjà à l’état latent chez l’homme. Par conséquent, les organisations religieuses et sociales n’ont qu’à faire épanouir et développer ces germes du vrai, du bien et du beau enfouis au plus profond de l’homme.

Ces considérations mènent à des conclusions pratiques extrêmement importantes, à savoir:

- Respect de la dignité humaine.

- Instauration de l’esprit de solidarité, d’entraide et de compréhension chez l’homme.

- Libération effective de l’homme, reconnaissant à l’homme parvenu à l’illumination le droit de transcender les cadres institutionnels des religions.

L’homme en fin de compte est maître; toutes les religions institutionnelles ne sont que des instruments temporaires.

L’homme doit se servir de la religion comme d’un instrument pour son évolution, comme une méthode pour se sanctifier. Qu’il ne soit pas esclave des institutions religieuses et des autorités ecclésiastiques.

3. En 3ème lieu, nous reconnaissons que nos ancêtres ont découvert et établi, au prix de mille labeurs, les vertus éminentes de l’homme: charité, justice, courtoisie, sagesse, loyauté, équité, intégrité, noblesse d’âme etc …

Toutes ces belles et hautes qualités ont besoin d’être sauvegardées, encouragées, développées par tous les instruments de culture disponibles: littérature, théâtre, art, musique etc …

Une nation qui compte de nombreux hommes d’élite est comparable à une maison pleine de pierres précieuses, à un jardin couvert de fleurs odorantes. Si tout le monde possède une âme pure et noble, il n’y aura plus ni guerres, ni dissensions, ni luttes.

4. En 4ème lieu, nous reconnaissons que l’homme ne saurait vivre séparé de son corps, de son milieu, de la société.

C’est pourquoi, tous les problèmes sociaux, politiques, économiques, ceux qui se rapportent surtout à la nourriture, et à l’habillement, sont autant de problèmes vitaux qui exigent des solutions adéquates.

Évidemment, l’homme n’est pas un pur produit de la société, pas plus qu’il n’est un pur instrument de la nation. Il a la possibilité et le droit de s’élever au-dessus des cadres historiques, sociaux et nationaux.

En somme, la société et l’histoire ne sont que des milieux et des instruments dont se sert l’homme pour s’élever.

5. En 5ème lieu, nous pensons que l’homme, s’il le veut réellement, pourra réagir avec succès contre toutes les inégalités, les injustices, les corruptions sociales.

L’histoire prouve que si l’homme veut bien se donner la peine de réfléchir, s’il veut se livrer à des recherches, il vaincra la famine, les misères, les maladies, il améliorera sa vie, augmentera son bien-être, son confort grâce à la technique, à la science, à la machine.

Tous les fléaux sociaux pourraient être éliminés, si les pouvoirs publics y mettaient leur volonté, si tous les hommes conscients de leurs droits et de leur valeurs, et de leur mission coopéraient à améliorer leur sort.

6. En 6ème lieu, nous admettons que l’homme peut évoluer indéfiniment, évoluer de la bête à Dieu.

C’est pourquoi, il doit être instruit, guidé, il doit progresser toujours davantage.

Pour vivre intensément, il nous faudra de hautes visées, de beaux idéals.

«Élevons-nous!

Regardons toujours plus haut!

Plus l’idéal est élevé, plus la vie est intense.

Une vie vulgaire ne peut ni galvaniser notre caractère, ni former notre esprit.

Une vie banale est une vie en voie de dégradation.

Se borner à contempler la vie est l’attitude d’un enfant.

Donnons toute notre mesure: nos semblables ont leur regard tourné vers nous.

Déployons nos efforts, car le pays a besoin des héros.

Le pays attend de nos mains créatrices une œuvre d’embellissement, de rénovation.

Inaugurons une vie glorieuse,

Vivons pour la grandeur du pays.

Peinons, travaillons sans relâche!

La terre tremble-t-elle, le ciel s’effondre-t-il, la mer se dessèche-t-elle, les montagnes s’écoulent-elles, notre volonté de fer sera toujours inébranlable.»

7. En 7ème lieu, nous admettons que la réalité actuelle n’est jamais parfaite.

Elle n’est que le maillon d’une chaîne qui nous conduira vers l’idéal. S’en tenir à la réalité actuelle, prôner la réalité actuelle, s’extasier devant les modes de vie actuels, c’est commettre une grave erreur.

Le devoir de tout homme est de savoir juger, de reviser ses points de vue, ses méthodes, de tendre ses efforts vers une constante amélioration. «Rénovons nous, rénovons nous toujours, rénovons nous sans relâche» (La Grande Étude, cha. 2 de la 2ème partie. Commentaire de Tseng Tzeu).

8. En 8ème lieu, nous admettons que l’homme est complexe. Il n’est ni esprit seul, ni âme seule, ni corps seul. C’est pourquoi, il ne faut pas se prononcer indéfiniment pour ou contre l’esprit, pour ou contre la matière. Il faut par contre se montrer souple et ondoyant.

Dans la pauvreté par exemple, l’homme doit penser naturellement davantage à gagner sa vie quotidienne. Mais parvenu à l’aisance, il doit au contraire, se tourner davantage vers les problèmes d’ordre psychologique et spirituel.

Cela revient à dire, que les mobiles de l’histoire sont multiples. L’histoire est la résultante des forces divines, humaines et matérielles et nonla manifestation d’une cause secondaire unique, comme certains le soutiennent fallacieusement.

9. En 9ème lieu, nous pensons que l’homme doit avoir un esprit ouvert, compréhensif, avide de progrès, sachant distinguer les points forts d’autrui et reconnaître ses points faibles, pour pouvoir s’adapter à toutes les éventualités, à toutes les circonstances, et progresser indéfiniment.

10. En 10ème lieu, nous pensons que de tout temps, l’homme a soif de liberté, de justice, d’idéal et de progrès.

Une culture parfaite doit répondre à toutes ces aspitations de l’homme. Elle doit être une culture ouverte et non une culture close; elle doit réserver des échappatoires pour les hommes plus évolués, qui ont la ferme volonté de progresser, de s’élever, de vivre à un niveau supérieur à celui du commun des mortels.

Le culture doit être un moyen pour l’homme de progresser et non une cangue, une chaîne qui le serre et l’enchaîne.

11. En 11ème lieu, nous pensons que les idées dirigent les actions, que l’idéal proposé doit avoir pour but de transformer et d’idéaliser la réalité. Si les idées n’étaient pas mises en pratique, si l’idéal ne s’incarnait pas dans la vie, alors les idées ne seraient que chimères, l’idéal ne serait qu’illusion et utopie.

12. En 12ème lieu, nous soutenons qu’en théorie comme en pratique, tous les efforts de l’homme doivent servir à:

- Transformer et améliorer la situation matérielle.

- Développer l’intelligence et les facultés de l’homme.

- Améliorer l’âme humaine.

- Aider l’homme à se développer, à s’élver spirituellent au niveau surhumain, au niveau divin.

Ces principes une fois mis en pratique, nous conduisent aux considérations et conclusions suivantes:

1. Actuellement, l’histoire et la science nous montrent que les hommes ont la possibilité de résoudre tous leurs problèmes matériels et de satisfaire tous leurs besoins matériels; que l’homme peut se rendre maître de la nature et du milieu environnant grâce à l’organisation et à la technique.

Dans ces conditions, pourquoi n’utiliserons-nous pas toutes les inventions de la scidnce, toutes les possibilités techniques pour:

- Exploiter à fond les ressources naturelles,

- Industrialiser le pays,

- Électrifier la campagne,

- Mécaniser l’agricultute,

- Développer les voies de communication et améliorer les moyens de transport,

- Planifier et embellir les villes…

Parallèlement à ces travaux de réforme et d’édification, les problèmes sociaux devront être réexaminés et résolus de manière que tous les hommes puissent vivre dans l’amour, dans la justice, dans l’honneur, étant entendu que les questions de l’éducation, de la formation des cadres, des techniciens, des élites, des hommes supérieurs sont au premier plan de nos préoccupations.

Sur le plan spirituel, les religions ne doivent pas trop s’attacher aux formes extérieures (rites et cérémonies), mais elles doivent  creuser davantage les problèmes dogmatiques et cela dans des séances d’étude publiques, dans des conférènces débats; s’occuper davantage des problèmes de raffinement et de sanctification de l’homme.

Dans cette perspective d’avenir, la majorité sinon tous les hommes, euraient acquis de vastes connaissances; jouissant de l’aisance matérielle et de la paix spirituelle. Ils vivraient dans l’amour, dans la fraternité, dans une compréhension réciproque sans hypocrisie, sans trahison. Tous s’efforceraient de s’améliorer de progresser, de se créer une vie belle, poétique et digne.

Chaque famille deviendrait un centre d’entraînement pour ses membres et les parents auraient  la responsabilité de guider, d’éduquer leurs enfants, en les aidant à comprendre ce que serait une vie idéale et la necessité pour eux de déployer leurs efforts pour parvenir à une vie idéale.

Les pouvoirs publics auraient la mission de faire régner la paix et la prospérité dans le pays, de conduire le peuple vers le progrès; ils devraient s’attacher à l’œuvre de formation des hommes de talents, des hommes supérieurs dont ils utiliseraient les services.

En même temps, ils utiliseraient les inventions de la science, les techniques pour exploiter les ressources naturelles, créer et développer des entreprises de transports maritimes et aériens, des échanges commerciaux avec les  puissances étrangères, de telle sorte que le pays devienne fort et prospère et que ses habitants puissent se montrer fiers d’être de bons sujets d’un beau pays.

Ainsi une culture totale englobe tous les efforts que déploie l’homme pour parvenir à une vie idéale et tous les résultats obtenus par ces efforts.

Nous disons, vie idéale, parce que les cirsonstances de la vie et la nature serviront l’homme et ne seront plus pour lui un obstacle ou un ennemi.

Nous disons vie idéale, parce que l’homme a désormais un corps sain et bien développé, qu’il peut suffire largement à ses besoins et cela facilement, sans trop de peines, grâce aux méthodes scientifiques, et aux machines.

Nous disons vie idéale, parce que la vie intérieure et spirituelle de l’homme, une fois bien guidée, pourrait atteindre son plein développement.

Ainsi l’homme cultivé est celui qui a déloyé tous ses efforts pour combattre les vices, les inégalités sociales, afin de réaliser pour soi-même et pour ses semblables une vie belle, radieuse, noble, parfaite.

Cette vision de l’avenir, d’où vient-elle?

Elle vient de notre for intérieur.

Et où prendrons-nous les moyens de réalisation de cet avenir?

Nous les prendrons dans notre cœur, dans notre cerveau, dans nos membres et dans la coopération de tous.

Cette vision de l’avenir pourrait se concrétiser, se réaliser, si tout le monde unissait ses efforts, œuvrait selon des méthodes, des directives appropriées, des organisation adéquates.

Si tous nous étions conscients de notre mission, si nous faisions des efforts pour progresser sans relâche, nous parviendrons sans nul doute à tenir ferme non seulement le gouvernail de notre nation, mais aussi celui de l’humanité pour l’orienter vers l’avenir divin et radieux comme l’a prédit Victor Hugo dans ces vers:

«Ou va-t-il ce navire? Il va de jour vêtu,

À l’avenir divin et pur, à la vertu,

À la science qu’on voit luire,

Il va ce glorieux navire,

Au juste, au grand, au loin, au beau, vous voyez bien

Qu’en effet, il monte aux étoiles …» (Plein Ciel)

Isaie et Jérémie, depuis bien longtemps, avaient aussi envisagé et décrit cet avenir divin. Voici ce qu’ils disent: «…Car je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle, et l’on ne souviendra plus du passé, qui ne remontera plus au cœur. Qu’on soit dans la jubilation et qu’on se réjouisse de siècle en siècle de ce que je vais créer, car je vais créer Jérusalem «Joie» et son peuple «Allégresse». Là plus de nouveau-né qui ne vive que quelques jours, ni de vieillard qui n’accomplisse pas son temps.

«Mourir à cent ans, c’est mourrir jeune, et ne pas atteindre cent ans sera signe de malédiction!

«Ils bâtiront des maisons qu’ils habiteront, ils planteront des vignes dont ils mangeront les fruits, Ils ne bâtiront plus pour l’habitation d’un autre, et ne planteront plus pour la consommation d’un autre. Car la durée de mon peuple sera telle que la durée des arbres, et me élus useront ce que leurs mains auront fabriqué. Ils ne peineront plus en vain, ils n’auront plus d’enfants destinés à leur perte …

«Car ils seront une race bénie de Yahvé, ainsi que leur descendance.

«Avait même qu’ils appellent, je leur répondrai, ils parleront encore qu’ils seront déjà exaucés. Le loup et l’agneau paîtront ensemble, le lion mangera la paille comme le boeuf et le sepent se nourrira de poussière. On ne fera plus de mal ni de ravag sur toute ma sainte montagne, dit Yahvé …» [84]

«… Voici venir des jours – oracle de Yahvé – où je concluerai avec la maison d’Israel (et la maison de Juda) une alliance nouvelle. Non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères.» [85]

«Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur. Alors, je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple. Ils n’auront plus à s’instruire mutuellement, se disant l’un à l’autre: «Ayez la connaissance de Yahvé», mais ils me connaîtront tous, des plus petits jusqu’aux plus grands-oracles de Yahvé – parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché.» [86]

CONCLUSION

En conclusion, discuter sur la culture, c’est chercher à savoir ce que l’homme a depuis toujours pensé du Vrai, du Bien et du Beau comment il a conçu le Vrai, le Bien et le Beau, ce qu’il a pu réaliser de Vrai, de Bien et de Beau; comment il s’y est pris pour s’orienter vers le Vrai, le Bien et le Beau.

Jetons un reagrd global sur les états, les nations, les peuples, les générations.

Que voyons-vous? L’homme nous y apparaît comme un guerrier héroïque qui, perdu dans une forêt épaisse, pleine de reptiles, d’animaux féroces, de ronces et d’épines, en proie à des dangers de toutes sortes, cherche au milieu de la nuit noire que perce seulement la lumière blafarde des étoiles, à se frayer une voie pour en sortir, tâche de réaliser ses espoirs, réussit à accomplir des exploits brillants et glorieux.

Par la suite, la forêt aura été peu à peu ouverte à l’exploitation; les reptiles, les animaux féroces auront disparu; le soleil y apparaîtra avec ses rayons ardents, et l’homme verra que ses travaux, ses labeurs n’étaient pas dépensés en vain.

Ce qu’il a cherché en tâtonnant, lui appraîtra d’abord partiellement, puis totalement.

Son Soi profond que depuis toujours il a estimé vulgaire et banal, se révèlera à ses yeux, éclatant dans tous ses traits magnifiques et attrayants.

Dans l’avenir, l’homme parviendra progressivement à découvrir sa nature divine, à dominer pour toujours le milieu environnnant, surmonter toutes les difficultés pour revendiquer et reprendre le rang divin et honorable qui était le sien.

Disserter sur la culture, c’est étudier tous les efforts que déploie l’homme pour atteindre la Vrai, le Bien et le Beau.

En dissertant sur la Culture, nous avons vu que l’homme peut évoluer tout à tour dans la sphère divine, dans la sphère humaine, dans la sphère matérielle et cela soit pour gagner sa vie, soit pour chercher à se comprendre et comprendre l’Univers; bref, pour créer à lui-même et à ses semblables, une vie plus belle, plus digne, pour perfectionner son esprit, son âme, et le milieu dans lequel il vit.

Nous avons donc le droit d’avoir foi en l’avenir: l’avenir de l’humanité sera parfaitement beau; il sera d’autant plus beau que l’homme aura des pensées justes, des actes justes, des efforts justes…

Des sueurs, des larmes que l’humanité a versées pour dominer le monde seront des perles et des pierres précieuses qui l’embelliront.

Disserter sur la Culture, commenter la Culture, c’est vivre la vie de nos devanciers, c’est comprendre les préoccupations, les inquiétudes, les angoisses des générations passées; c’est aussi partager les joies de ce monde; c’est s’inspirer des exemples et de vestiges du passé pour en tirer des leçons pour le présent et l’avenir; éviter les erreurs et les fautes commises par nos prédécesseurs, suivre leurs exemples, poursuivre leur œuvre inachevée, en vue d’améliorer notre vie et celle de nos semblables, en vue d’édifier un monde meilleur où règneront la paix et la joie, où les hommes vivront dignement dans le Vrai, le Bien et le Beau.

S’adonner à la Culture, c’est rechercher pour soi-même et pour son prochain une vie digne d’être vécue, un idéal digne d’être suivi; c’est chercher à comprendre ce qu’est une vie vraie; c’est réfléchir, savoir peser le pour et le contre, distinguer ler bien et le mal; se refuser à se laisser transformé en une machine, en un instrument, à se laisser entraîné par le monde comme une feuille desséchée, ballotée par le vent.

S’adonner à la Culture, c’est utiliser son temps et ses capacités pour préparer et édifier l’avenir de son pays, sauvegarder ce qu’on appelle la quintessence de l’humanité.

S’adonner à la Culture, c’est exploiter, augmenter nos possibilités corporelles, nos facultés intellectuelles, morales et spirituelles, pour devenir des hommes d’élite, des combattants d’avant-garde; c’est nous donner un idéal élevé.

Pour vivre intensément, pour vivre en héros, ayons un idéal élevé, orientons-nous vers un avenir radieux, illimité.

En ces moments de l’histoire, bon gré mal gré, nous vivons dans une période de transition où l’humanité est en pleine transformation, où elle est en train de vaincre tous les obstacles pour s’élever vers le surhumain.

Tous les obstacles qui se dressent sur le chemin du progrès ont été progressivement abattus: les montagnes, les mers, les déserts, les murs du son, la stratosphère ne sauront plus retenir cet élan de l’homme vers le progrès.

L’Humanité est train de se métamorphoser, de se transcender par l’eugénisme, par des autogreffes et des hétérogreffes d’hormones et d’organes, par la grande offensive déclenchée contre les maladies…

L’humanité est en train de se métamorphoser, de se transcender grâce à la volonté de puissance, grâce à la galvanisation de l’âme pour qui l’adversité n’est plus qu’un pas vers la gloire.

Ainsi en cette période de la vie, ne soyons pas des hommes faibles, vulgaires, ignorants; mais soyons des hommes vaillants, actifs, des chercheurs, des réformateurs.

Toutes les œuvres culturelles depuis la littérature, le théâtre, les beaux-arts, jusqu’aux organisations juridiques, morales et religieuses, tout semble nous inviter à devenir des hommes dignes, des hommes accomplis, à bénéficier des belles acquisitions de toutes les générations, de tous les pays pour nous rendre plus parfaits, pour rendre nos compatriotes et l’humanité entière plus heureux, notre pays et le monde plus beaux, plus tranquilles, afin que tous puissent enfin vivre des jours prospères et heureux, se conformant aux lois divines et aux lois morales, mettant à profit science et technique, dominant complètement la nature.

Toutes ces belles perspectives sont les vœux que je forme pour vous, Mesdames et Chères Auditrices, Messieurs et Chers Auditeurs, avant de clôturer ma causerie sur la Culture…

Saigon, 26-6-1970

Nhân Tử Bác sĩ Nguyễn Văn Thọ


CHÚ THÍCH

[1] Cf. Bernard Chabonneau, Le paradoxe de la Culture, p. 40.

[2] The word had already taken its artistic and intellectual turn, when the Germans borrowed it from France … and gradually change its initial C to the more aggressive K. (Henri Levin, Science and Culture, edited by Gerald Holton, p. 2)

[3] En Angleterre et en France, ce terme de Culture ne passera vraiment dans le langage courant qu’après 1918. – Bernard Chabonneau, Le Paradoxe de la Culture, p.40.

[4] Thus in the article in Diderot’s Encyclopedia is limited to «culture des terres», but in the Dictionnaire de l’Académie française of 1777 subjoins to this agricultural definition a figurative sense: «se dit aussi au figuré, soin qu’on prend des arts et de l’esprit» (Harry Devin, Science and Culture, p.2).

[5] It is first recorded by the Oxford English Dictionary from the year 1875, when Whitney spoke of «a more incident of social life and of a cultural growth». (Ruth Emily Memury and Muna Lee, The cultural approach, p.2).

[6] Mathew Arnold responded to John Bright’s dismissal of culture as «a smattering of the two dead languages of Greek and Latin», in Culture and Anarchy (1869), defining Culture as a pursuit of our total perfection by means of knowledge of the best which has been thought and said in the world and the development thereby of all sides of our «humanity». (Encyclopedia Britannica, Culture and Humanity, Vol. I, p.745).

[7] The Oxford English dictionary cites a phrase employed by Thomas More in 1510 : The culture and profits of their minds …

  Harry Levin, Semantics of Culture (in Gerald Holton, Science and Culture, p.1).

[8] The term Culture and Cult have the same derivation and were applied by the Romans to the cultivation of the field (agricultura or cultus), the cultivation of the mind (animi cultura or cultus) and the cultivation of religion and God (Dei cultus or cultura). Cicero thus defines philosophy as the «culture of the mind» and argued that philosophy first educated men to the cult of Gods.

  Encyclopedia Britannica, Culture and Humanity, Vol. I, p. 743.

[9] L’équivalent chinois du mot littérature, Wen ¤å , ne signifiait à l’origine rien de moins que l’ensemble de la civilisation humaine telle que la conçoivent les Chinois. (L’Originalité des Cultures, Unesco, p.43.)

[10] L’Originalité des Cultures (Unesco), p.43.

[11] Depuis les conquêtes mongoles, le Chinois cultivé s’est désintéressé de la politique et de l’appareil militaire et juridique dans lesquels il ne voit que l’expression d’une force extrinsèque à l’esprit ou d’une violence méprisable, qu’il désigne du mot Wu. Pour lui, l’effort d’humanisation réside dans le Wen, vocable par lequel il désigne la littérature ainsi que les croyances religieuses et philosophiques, les efforts culturels et artistiques, bref, toute acquisition intérieure de l’esprit; c’est pourquoi, le Wen, agent unique de vraie culture, doit s’opposer au Wu et lui faire échec.

  (J. Laloup et J. Nélis, Culture et Civilisation, p. 80.)

[12] San peê li, kouéi Wên kiáo (Chou King, Tribut du Iu, art. 35).

[13] Les Annales de la Chine, Part I, Chap. III, Conseils du Grand IU ¤j ¬ê ÂÓ , par. 21.

[14] Chou King – Annales de la dynastie des Tcheou ©P ®Ñ , Chap. III Heureuse issue de la guerre ®õ »} , art. 2.

[15] Cf. Les Trois Royaumes, Chap. 66.

[16] Cf.:

- Dictionnaire élémentaire annamite français, par l’Abbé Le Grand de la Liraye, Saigon, Imprimerie impériale, 1868.

- Dictionnaire annamite française, par J. F. M. Génibrel, Mission apostolique, Saigon, Imprimerie de la Mission à Tân Định, 1898.

- Đại Nam quấc âm tự vị, Huình Tịnh Paulus Của, Imprimerie Curiol et Cie, Rue Catinat et d’Ormay, 1896.

- Petit Dictionnaire français-annamite, P. J. B. Trương Vĩnh Ký Saigon, F. H. Schneider éditeur, 1911.

- Dictionnaire français-annamite, Masseron, 1916.

[17] Cf. Revue Nam Phong, No 84, pp. 447-453.

[18] Both terms Culture and Civilisation came into European and English usage, with something of their current sense, about the 18th century (Encylopedia Britannica, Tome I, p. 742).

[19] Thus in their introduction to the Volume Culture: A Critical Review of Concepts and Definitions, the anthropologists L. Kroeber and Clyde Kluckhohn quoted Lowell’s confession:

  «I have been entrusted with the difficult task of speaking about Culture. But there is nothing in the world more elusive. One cannot analyse it, for its component are infinite. One cannot describe it, for it is a Protean in shape. An attempt to encompass its meaning in words is like trying to seize the air in the hand, when one finds that it is everywhere, except in one’s grasp.» – Cf. Gerald Holton, Science and Culture, Houghton Mifflin Co, Boston, The Riverside Press, Cambridge 1955, p. vii.

[20] Mr Vercors propose, en retenant la suggestion de M. Sarte de ne pas définir la Culture. – Cf. Comprendre, 16, Rencontre Est-Ouest, cinquième séance, p. 263.

[21] Sans craindre, nous renonçons ici à donner une définition philosophique de la Culture. Ce terme, nous ne l’opposons pas comme certains l’ont fait à celui de civilisation. Suivant Jacques Maritain, Religion et Culture, Paris 1930, p.13, nous distinguerons seulement dans la Culture «un développement véritablement humain et donc principalement intellectuel, moral et spirituel, et dans la civilisation, l’aspect social, politique et technique du même développement humain. (Le Bilan du Monde, I, p.94).

[22] Notes towards the Definition of Culture, Faber and Faber limited, 24 Russell Square, London.

[23] Definition: I. The setting of bounds, limitation (rare) – 1843, Oxford English dictionary. Cf. Notes towards the Definition of Culture, p.5.

[24] Cf. Văn Hóa Á Châu, No 9, Décembre 1958.

[25] Cf. Edmund R. Leach, Culture and Social Cohesion: An Anthropologist’s view. In Science and Culture edited by Gerald Holton, p.24.

[26] Cf. Câu chuyện Văn hóa của Đặng Văn Ký dans Văn Hóa Á Châu, No 9, Decembre 1958.

[27] The improvement of the human mind and spirit. (Eliot, Notes towards the Definition of Culture, p.21)

[28] The Cultivating or development (of the mind, faculties, manners, etc…), improvement or refinement by education and training.

[29] The art of improvement or melioration (Cf. Harry Levin, Semantics of Culture. – In Science and Culture, edited by Holton, p.9… Culture: - Improvement, refinement or development by study, training etc…

- The training and refining of the mind, emotions, manners, tastes.

- The results of this: refinement of thoughts, emotion, manners, tastes … (Webster’s New 20th Century Dictionary).

[30] Livre des Odes, 1ère partie Kuo Fêng, Livre V, Wei Fêng, ode I: Ke Yuh.

[31] Cf. Đào Duy Anh, Pháp Việt tự điển.

[32] Cf. Bàn phiếm về Văn hóa Đông Tây. Nam Phong, No 84, p. 452.

[33] Pour l’évêque d’Hippone (St Augustin), l’âme comprend sept degrés. Les deux premiers sont communs aux végétaux et aux êtres animés; le troisième degré, au contraire, est propre à l’homme: il lui permet de jouir de la culture humaine. Avant de parvenir au septième degré, qui est celui de la contemplation de la vérité, et donc de la sainteté, l’âme doit avoit accompli tout un voyage à travers la création. Il faut être devenu entièrement homme par esprit avant d’espérer connaître la paix et la joie céleste. (Cf. Critique, Octobre, 1961, No 173, p. 863.)

… Avec Saint Augustin, s’installe déjà le dualisme: culture ou sainteté, qui allait se substituer à ce qu’il avait espéré instaurer: culture et sainteté. (Ib., p. 864)

… Averroès, Sieger de Brabant, Boèce de Dacie tendront à un séparatisme radical, il y aura pour eux deux vérités: celle de la connaissance et celle de la foi … (Ib. 864)

[34] The concept (of Culture) could be defined by the Oxford editors, as nothing less than «the intellectual side of civilization» (Harry Levin, Semantics of Culture, in Gerald Holton, Science and Culture, p.I).

[35] Several German and US scholars have sought to endow the pair with contrastive meanings civilization to denote technology and that objective information which is socially cumulative; culture to indicate subjective religion, philosophy and art which are non additive.

(Encyclopedia Britanica – Civilization and Culture, p. 742)

CIVILIZATION CULTURE

Manual work                      Intellectual work

Working day                      Holiday

Labor                                   Leisure

Realm of necessity            Realm of freedom

Nature                                 Spirit (Geist)

Operational thought         Non-operational thought

(Herbert Marcuse, in Gerald Holton, Science and Culture, p. 221)

[36] … Culture refers to some higher dimension of human autonomy and fulfillment while ‘civilization’ designates the realm of necessity, of socially necessary work and behavior, where man is not really himself and in his own element but is subject to heteronomy, to external conditions and needs.

(Herbert Marcuse, in Gerald Holton, Science and Culture, p. 221)

[37] It may be said that civilization is that kind of culture which includes the use of writings, the presence of cities, and of wide political organization and the development of occupational specialization.

(Encyclopedia Britannica, Civilization and Culture.)

[38] Durant le Moyen-Âge, des cultures entre elles apparentées ont coexisté dans les anciennes provinces de Byzance, sur les bords de l’Euphrate, de l’Indus et du Guadalquivir. Les historiens et les linguistes démontrent leurs particularités: les styles d’un art plus ou moins local, le fait d’un esprit littéraire indépendant, les cultures de la Syrie, de la Mésopotamie, de l’Iran, de l’Inde, ou de l’Andalousie n’en demeureront pas moins unies par une conception supérieure de l’existence, par les idées religieuses et intellectuelles. Elles composeront malgré leurs différences un tout: la civilization arabe …

On peut envisager comme des structures mineures, les cultures et comme des structures supérieures, les civilisations.

(I. Olaguë dans Les Problèmes des civilisations, p. 68.)

[39] Conférence organisée par Société internationale pour les études comparées des civilisations (S.I.E.C.C.).

[40] … Cultural wholes (Ganzheiten). N. Danilevsky calls them «The culture-historical-types»; O. Spengler terms them «the High Cultures» (die Hochkulturen); A. Toynbee refers to them as the civilizations or «the units and intelligible fields of historical study»; A.L. Kroeber, as «the high value culture patterns»; N. Berdyaev, as «the Great Cultures»; F.S.C. Northrop, as «cultural systems» or the «world cultures»; I (Sorokin) call them the social and cultural supersystems (Sorokin) (The Problems of the Civilizations, Prefaced by Sorokin, p. 5).

[41] If we begin now with the rather trite and important point of terminology: the German language has the rather useful distinction, which the English language does not have, I think, between «Hochkultur» and «Civilisation». If I am right, in German, «Zivilisation» has rather a depreciatory sense, meaning the mere material apparatus of «Kultur», and Spengler has given it a rather technical meaning of the later stage of one of these life-histories of a culture - the stage in which the culture is in decay. In French or English, we have not the words to make this distinction, so when, we say «civilisation», we mean a «Hochkultur», including the later stages in which a «Hochkultur» is in decay, as well as the earlier stages, in which it is in growth. (Toynbee). The Problems of civilizations, p. 50-51.

… Digression historique sur l’origine du concept moderne de civilisation.

Culture et civilisation mis ainsi sur le même plan définis comme étant «la qualité (spécifique) de l’exitence humaine prise dans son ensemble» et confrontés comme équivalents de la langue et de la religion. Nouvelle définition. (A. Hilckman) dans The problems of civilisation, p. 61.

… La civilisation ou la culture est la totalité des significations des valeurs et des normes qui sont celles des individus ou interaction réciproque et la totalité des institutions (on verra plus loin que Sorokin les nomme véhicules) qui objectivent, socialisent et transmettent ces significations. Cf. Pitirim A. Sorokin, Comment la civilisation se transforme, Préface d’Armand Cuvillier, p.19.

Sorokin, Society, Culture and Personality, p. 63.

… Romano Guardini: «Le terme de «culture» ou civilisation se présente à nous lui aussi, en de multiples acceptions.

Dans un sens très général, la culture représente ce que l’homme a transformé, accompli, fait, produit: tantôt le terme désigne le résultat, l’œuvre; tantôt l’état ou elle met son auteur, d’où culture soit objective, soit subjective…

Ensuite, il comporte une idée de valeur et devient l’antonyme de barbarie. Alors la culture ne désigne plus tout ce qu’a fait l’homme, mais seulement ce qu’il a bien fait: ce qui est tel que cela devrait être, mettant en règle, et la tâche et la personne.»

Romano Guardini, Christianisme et Culture, p. 198.

[42] Telle que le comprit le Moyen-Âge, l’œuvre de civilisation chrétienne était bien en effet, un «grand œuvre» au sens que donnaient à ce mot les alchimistes, c’est-à-dire, la transformation de toute chose de l’état vil à l’état précieux, de l’état impur à l’état pur de l’état sombre à l’état lumineux, symbolisée par la transmutation du plomb en or. «Pierre de l’Angle», le Christ était pour eux, la suprême «pierre philosophale» selon que la puissance du Verbe est l’agent du Grande Œuvre universel de la rédemption.

Louis Lallement, La Vocation de l’Occident, p. 134, notes.

[43] The I Ching, Richard Wilhelm’s translation; Book III, p. 220, Hexagram 38, K’UEI: «Heaven and Earth are opposites, but their action is concerted. Man and woman are opposites, but they strive for union. All beings stand in opposition to one another: what they do takes on order thereby.»

(Cf. Annales du Musée Guinet, tome 23, Le Yi-King ou Livre des Changements, traduit par P.L.F. Philastre, p. 106)

[44] Cf. The I Ching, The Richard Wilhelm’s translation, Book III, p. 4: «The way of the Creative works through change and transformation, so that each thing receives its true nature and destiny and comes into permanent accord with the Great Harmony … (Hexagram I. CH’IEN.)

[45] Cf. Lilian Silburn, Instant et Cause, p. 134.

[46] Je ne sais pas si l’on peut définir toute culture comme la fonction de créer des valeurs qui ne sont ni la reproduction, ni la dérivation des valeurs existantes. (Campagnolo, Comprendre No 16, Rencontre Est-Ouest, 5ème séance, p. 267)

[47] La cultura es la vida del espiritu, su crecio continua, su manifestación en formas y novinientos. El spiritu se realiza y objectiva en las lettras y las artes, el las proposiciones del saber cientifico y filosofico, en las instituciones y regulaciones de la convivencia civil. (Francisco Romano, La Cultura y la libertad de expresión) (Ib. p. 116)

[48] Cf. I Ching, Hsi Tz’u Chuan (Grand Commentaire), Part I, Chap. 8. Cf. Wilhelm, I Ching, Book II, p. 328.

Cf. Annales du Musée Guimet, Vol. XXVII, Le Yi King traduit par P.L. F. Philastre, Tome 2, p. 508.

[49] It includes all the characteristic activities and interests of a people: Derby day, Henley Regetta, Cowes, the twelfth of August, a cup final, a dog races, the pin table, the dart board, Wensleydale cheese, boiled cabbage cut into sections, beetroot in Vinegar, nineteenth-century Gothic churches and the music of Elgar. (T.S. Eliot, Notes towards the Definition of Culture, p. 21)

[50] Les Indiens désignent la Culture sous le nom de Sanskriti, mot dont la racine veut dire purifier, transformer, exalter, façonner et perfectionner. Un homme cultivé est pour eux, un homme qui s’est soumis à une discipline, qui est parvenu à maîtriser des instincts et qui s’est façonné lui-même conformément à sa morale … .

Manou, l’un des théoriciens sociaux de l’Inde, dit que, de nature (de naissance), nous sommes tous des barbares, étrangers à la culture et à la civilisation. (B. L. Atreya). (L’Originalité des cultures. Unesco, p. 141)

[51] Arnold is concerned primarily with the individual and the «perfection» at which he should aim.

(Cf. T. S. Eliot, Notes towards the Definition of Culture, p. 22.)

… The effect, therefore, is to exhort the individual who would attain the peculiar kind of perfection which Arnold calls «Culture» is to raise superior to the limitation of any class rather than to realize its highest attainable ideals. (Ib., p.22).

… Arnold […] defining culture as a pursuit of our total perfection by means of knowledge of the best which has been thought and said in the world and the development thereby of all sides of our «humanity».

Encyclopedia Britannica, Culture and Humanity, p. 743.

[52] He (Arnold) saw culture both as a form of personal activity (the study and pursuit of perfection) and as a collection of works to be studied the best which has been thought and said in the world.

Cf. Harry Levin, Semantics of Culture, in Science and Culture, edited by Gerald Holton, p. 4.

[53] Cf. Văn Hóa Á Châu, tome VI, 3 Mars 1961, p.1 Article: Văn Hóa Kinh Tế par Nguyễn Đăng Thục.

[54] We should define Culture as a process of humanisation. (Herbert Marcuse, Remarks on a Redefinition of Culture, in Science and Culture, edited by Gerald Holton, p. 218)

… Culture is a social process of sublimation … Ibid, p. 218.

- Que veut dire Culture? Le terme s’oppose d’abord à nature ...

(Romano Guardini, Christianisme et Culture, p.150)

- Đưa con người từ tình trạng thiên nhiên lên địa vị làm người, đưa con người từ con vật đốn mạt đến chỗ thành con người văn minh và không có sinh hoạt văn hóa không phải là người. Sau cùng, sinh hoạt văn hóa cần hơn sinh hoạt làm ăn.

(Cf. Đặt lại vấn đề văn minh với Claude Lévi-Strauss của Nguyễn Văn Trung, Hành trình vào dân tộc học, p. 137.)

[55] … The tradition concept of culture as improvement.

(Harry Levin, Semantics of Culture) Cf. Science and Culture edited by Gerald Holton, p. 11.

[56] For Malinowski, the study of a culture meant the study of a total way of life. – Science and Culture, p. 28 (Edmund R. Leach, Culture and social cohesion).

… It (Culure) obviously is the integral whole consisting of implements and consumers’ goods, of constitutional charters for the various social grouping of human ideas and crafts, beliefs and customs. (Bronislaw Malinowski, A scientific theory of culture, p. 36)

… That complex whole which includes knowledge, belief, art, law, morals, customs, and any other capabilities and habits acquired by man as member of society. (E.B. Tylor) (Harry Levin, Semantics of Culture in Science and Culture, edited by Gerald Holton, p. 9.)

[57] La culture est donc une configuration de la vie reposant sur la croyance commune à une hiérarchie de valeurs déterminées. Cette hiérarchie de valeurs donne à la vie une signification précise, elle s’incarne en un style de vie particulière, à travers des besoins et des normes communes de jugements.

Henri de Man, l’Idée socialiste, p. 35.

[58] Cf. L’Originalité des Cultures (Unesco), p.12, note I.

- Il est à noter Đào Duy Anh a aussi défini la Cuture comme le mode de vie d’un peuple.

Cf. Đào Duy Anh, Việt Nam Văn Hóa Sử Cương, p.13.

[59] Chacun de nous a donc sa métaphysique ou pour s’exprimer en termes plus modestes, chacun de nous a sa conception de la vie qui fait de sa manière de vivre.

(Crane Brinton, La formation de l’esprit moderne, p.13.)

[60] Cf. Le Paradoxe de la Culture, p. 171, 172.

[61] La culture bourgeoise, même celle qui a été transmise aux sociétés socialistes consiste en un esprit et des œuvres qui se distinguent de la pratique, du peuple et du quotidien. Ainsi dans des sociétés qui se veulent démocratiques, cette culture reste aristocratique, et tout effort pour y élever les masses doit surmonter une inertie presque invincible. Ibid. p. 171.

[62] À ce compte … ce sont les comportements les plus répandus et par conséquent, les plus vulgaires qui mériteraient le nom de culture … (Le Paradoxe de la Culture, p. 171)

… Dans tout les cas, la critique socialiste repose sur une conception de la culture, dont l’extension est beaucoup trop vaste pour correspondre véritablement à l’idée d’une superstructure spirituelle.

Tous les écrits socialistes, qui s’occupent de la théorie de la culture – peu importe que leurs auteurs se déclarent marxistes ou non-considèrent en réalité la culture comme un concept total, répondant au comportement déterminé de l’être humain, réglé par les normes collectives envers son milieu. – Henri de Man, L’Idée socialiste, p. 33.

[63] Le 1ère verset est de Đặng Trần Thường, inconnu sous le règne des Tây Sơn, mais grand dignitaire sous le règne de Gia Long.

Le 2ème verset est de Ngô Thời Nhiệm grand dignitaire sous les Tây Sơn, mais rallié et discrédité sous le règne de Gia Long.

[64] Nguyễn Văn Trung, article «Đặt lại vấn đề văn minh với Claude Lévi-Strauss» dans Nguyễn Văn Hảo, Hành trình vào dân tộc học, p.141.

[65] As news of the drawings and paintings began to reach experts throughout Europe, disbelief mounted. To the 19th century mind, progress was charted in a straight line, ascending from crude unskilled barbarism to the apex of its own technical achievement. Culture stemmed exclusively from the Greeks. It has been revived in the Renaissance and perfected by contemporary artists.

Scattering to the cherished Victorian picture of its own importance, would be the admission that drawings as fine as any by their own artists had come from brutes living over 15,000 years ago ...

Impossible to ignore was the evidence that culture developed in a succession of peaks and hollows. Some authorities even developed a theory that in the course of evolution man had lost certain faculties possessed by prehistoric man.

The primitive ability to grasp forms as a whole, and retain eidetic images, had been lost by succeeding cultures, was only slowly being regained. Modern artists developed a consuming interest in primitive art, were more excited by a tribal painting or carving than by a classical Venus. Lost forever was what English critic Roger Fry called «the right little, tight little, round little world», which believed that all cultures stemmed from Greeks …

Original Art (The wonder of prehistoric cave art) in Pacific M. D. No 11 August, 1968, pp. 31 et ss.

[66] C’est au Néolithique que se confirme la maîtrise, par l’homme des grands arts de la civilisation: poterie, tissage agriculture, et domestication des animaux … (La Pensée sauvage, tr. 22)

[67] Par suite Weismann fut conduit à étudier d’une façon critique les faits d’hérédite des caractères acquis, et en tout cas, le rejeta comme inexacts … Les philosophes évolutionnistes en particulier. Herbert Spencer, avaient avancé que l’hérédité des caractères acquis était le principal facteur du développement des races, alors que les philanthropistes, les éducateurs et les politiciens assumaient tacitement sa vérité comme la base du progrès social …  Cependant, il est clair que l’acceptation de la non-gérédité des caractères acquis signifie que la «nature» est plus que «l’éducation» et l’héredité plus que le milieu. Si l’amélioration des conditions de la vie peut et doit, bien entendu, profiter à l’individu, il ne peut rien faire, sauf par des méthodes indirectes de sélection naturelle ou artificielle, pour ameliorer les qualites innees d’une race. (W. Dampier, Histoire de la Science, p. 344)

[68] Cf. Sorokin, History, Civilisation and Culture, p. 213-214.

[69] Ibid., p. 219.

[70] Cf. Lý Đảnh Thịnh , Hiện đại dụng ngữ từ điển , p. 358.

[71] Cf. Đào Duy Anh, Việt Nam Văn Hóa Sử Cương, p. viii.

[72] Ibid., p. 13.

[73] Il y a autant d’ordres culturels que de communautés où l’on croit à une hiérachie de valeurs différentes.

(Henri de Man, l’Idée socialiste, p. 35).

[74] J. Toynbee dénombre en tout et pour tout 21 groupes historiques différents qui ont créé 21 civilisations différentes: l’occidentale, deux chrétiennes orthodoxes (en Russie et dans le Proche Orient), l’Iranienne, l’Arabe, l’Hindoue, deux en Extrême-Orient, l’Hellénique, la Syriaque, l’Indienne, la Chinoise, la Minoenne, la Sumérienne, la civilisation Hittite, la Babylonienne, l’Andine, la Mexicaine, la Yucatèque, la Maya, l’Égyptienne, plus cinq civilisations arrêtées (qui ne se sont pas développées en de vraies civilisations: la Polynésienne, l’Esquinaude, la Nomade, l’Ottomane, et la Spartiate).

(A Study of History, Vol. I pp. 132 et ss et Vol. IV p. 1 et ss. et Sorokin, Comment la Civilisation se transforme, pp. 138, 139, Note 2.)

[75] Like Spengler’s «Apollonian, Magian, Faustian and so on … (Pr. Sorokin dans The Problems of civilisation, p. 54)

… C’était la première fois – tout au moins à notre connaissance qu’une tranche de l’histoire avait été expliquée en raison d’une idée générale dominant l’action sociale et politique. Nietzsche dans ses travaux de jeunesse avait lui aussi signalé que la civilisation des Grecs pouvait être déterminée par un seul caractère qui en résumait l’essence. C’était le génie «apollinéen». Spengler reprit cette conception et en chercha de similaires dans d’autres civilisations. Il enseigna que la civilisation arabe était intimement liée à une particulière interprétation de la vie: «l’esprit magique». Il baptisa de «Faustique» la civilisation moderne de l’homme blanc, laquelle comme le héros germanique, est obsédé par le besoin de connaître les secrets de la nature, soit pour en satisfaire son insatiable curiosité, soit pour enextraire des facultés d’existence.

(I. Olaguë).- Les Problèmes des civilisations, p. 88.

[76] An ideational culture may be described as that of an age of faith, and the sensate culture as that of an age of science and of the common man. The old theological distinction between the Word or Spirit and the Flesh also corresponds fairly closely to the two classes. (History, civilization and culture, p.12)

… He (Sorokin) uses «idealistic» to describe a special form of culture which is a blend between the «ideational» and the «sensate systems. An «idealistic» culture is therefore a mixed one; it endeavours to achieve a sysnthesis of the other two. – Ibid., p. 12.

(Il est à noter que Danilewskij divise les cultures en 9 catégories, alors que Northrop ne reconnaît que deux sortes de civilisations: esthétique et théorique …)

(Cf. The Problems of civilization, p. 54, 55)

[77] On aura reconnu dans cette méthode, le schéma des trois ordres selon Pascal: le monde de la chair, de l’esprit et de la charité. Chaque ordre transcende l’ordre inférieur, le monde de illumination dépasse celui de la connaissance, comme celui-ci depassé l’existence physique.

Critique, No 174, Octobre, 1960. De la mystique byzantine à la littérature d’aujourd’hui, p. 861 et ss …)

[78] Cette trinité est assez proche de celle établie par  le valentinisme; les hyliques sont enracinés dans matière, les psychiques doués du libre-arbite et les spirituels destinés à devenir anges,  archanges etc … (Sege Hutin, Les Gnostiques, Ed. PUF, p. 79). Il est évident que les hyliques n’ont aucune idée de ce que sont les psychiques qui à leur tour, ne peuvent concevoir les spirituels, qu’en se métamorphosant en eux. Au contraire, les spirituels voient clairement, tout le système; il n’y a pas de connaissance ascendante possible, mais il y a un regard descendant. (Critique, 173, Oct., 1961 – La mystique byzantine, p. 869).

Cf. aussi Dictionnaire des religions, par E. Royston Pike, p. 314.

Cf. Tableau de concordance dressé par Papus dans l’ABC Illustré d’Occultisme, p. 196 concernant la conception tripartite de l’homme admise par différentes religions et philosophies occidentales et orientales.

… Il est à remarquer que la conception tripartite de l’homme est aussi maibtes fois professée par la Bible. Cf., par exemple: I Thessalonicien 5, 23; Commentaires et Notes p. 1562 Bible de Jérusalem; I Cor. 2, 14-15; Mathieu 16, 23; Mathieu 16, 23; Mathieu 22, 37; Ecclésiastique 17, 30; Jean Prologue 12; Galates 4, 6-7 et 3, 26; I. Cor. 2, 14; 15, 45-49; 2, 15; 15-53 etc …

[79] Si la Chine a cultivé spécialement l’art difficile des relations humaines, si l’Inde s’est évadée vers l’approfondissement des mystères de l’homme et de Dieu, si l’Occident s’est spécialisé dans la connaissance et la domination du monde matériel, toutes ces acquisitions paraissent aujoud’hui distinctives et forment les lots distincts d’un patrimoine commun.

Jean Laloup et J. Nélis, Culture et Civilisation, p. 140.

[80] C’est l’union mystique avec Dieu préconisée dans l’Hindouisme, dans le Taoisme (Cf. Tao Té King, Ch. 68), dans le Confucianisme (Cf. Tchoung Yung, Ch. 31).

[81] Actes des Apôtres, 7, 47. – 17, 24. Epitre aux Hébreux, 9, 24.

[82] It spoke of an intense yearning for the divine which is in man and not in the temple …

(Cf. Rabindranath Tagore – «The Greatest of the Bauls of Bengal» by Edward C. Dimock, Jr. dans The Journal of Asian Studies, Vol XIV, No I, Nov. 1959 pp. 33 et ss.)

The path is hidden by the temple and the mosque.

And though I hear Your call, O God, I cannot find the way

For against me stand my guru and murlid. (Ibid., p. 37)

[83] Cf. Ancien et Nouveau Testament: - J’ai dit: «Vous êtes des dieux.» (Jean, 10, 34 – Psaume 82, 6)

- … Afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature … (II Pierre, 4)

- S’il a fait habiter sur toute la face de la terre tout le genre humain, issu d’un principe unique; s’il a fixé aux peuples les temps qui leur étaient départis et les limites de leur habitat, c’est afin que les hommes cherchent la divinité pour l’atteindre, si possible, comme à tâtons et la trouver; aussi bien n’est-elle pas loin de chacun de nous. C’est en elle en effet que nous avons la vie, le mouvement et l’être. Ainsi d’ailleurs l’ont dit certains des vôtres: «Car nous sommes aussi de sa race.»  Actes des Apôtres 17: 26, 27, 28.

[84] Isaie 65: 21-25 (Bible de Jérusalem)

[85] Jérémie 31: 31-32 (Bible de Jérusalem)

[86] Jérémie 31: 33-34 (Bible de Jérusalem)