TRUNG DUNG TÂN KHẢO
Nhân Tử Nguyễn Văn Thọ
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Aperçu du Nouvel Essai
sur le Centre Eternel
J’entreprends de vous soumettre, dans le cadre succinct de cet article,
un aperçu général de mon livre intitulé «Essai sur le Centre Eternel»
qui a pour objet l’étude du Tchoung-young, un des livres canoniques du
Confucianisme dont l’auteur était Tzeu-seu petit fils de Confucius.
Comme le
titre de mon livre le suggère éloquemment, tout ce que j’expose au cours
des trois volumes du livre - à plus forte raison tout ce que je consigne
dans cet article n’a qu’une portée explicative, personnelle et
problématique sujette à être revisée dans l’avenir.
A mon
avis, ils serait préférable de changer l’ancien titre du livre celui de
Juste Milieu - en un nouveau titre beaucoup plus pittoresque,
celui de Centre Eternel.
Ce
dernier correspondrait d’ailleurs davantage à l’étymologie des termes,
et cadrerait beaucoup mieux avec les idées de Tzeu-seu.
Tout
d’abord, après nombre de lectures et réflexions, j’ai cette conviction
que le Tchoung-young peut être considéré comme le Bhagavad-Gita du
Confucianisme.
En effet,
tandis que dans le Livre des Mutations, les Anciens faisaient épanouir
un univers fictif sur les fleurs de leur symboles pairs et impairs,
procédaient à la féerie des multiplications des êtres par une mitose
binaire, pour s’enquérir ensuite sur les lois de relativité qui
régissent les couples de mouvements (expansion-concentration,
dispension-union, charge-décharge, dissolution-cohésion,
dépense-réserve) c’est-à-dire tous les mouvements de va-et-vient, tous
les cycles de transformations continues, harmonieuses et réversibles
d’une seule énergie initiale, dans le Centre Eternel, l’Auteur trace aux
lecteurs une voie divine qui nous mènerait à travers les vicissitudes
harmonieuses d’une vie bien conçue au Centre Eternel initial, immuable
Origine et a la fois «Téléfin» de l’homme.
Ce livre
est donc le chef-d’oeuvre du Confucianisme, dans lequel l’auteur ne vise
qu’une élite déjà initié aux difficultés linguistiques, philosophiques
et métaphysiques de l’école, soumise depuis longtemps à la discipline
rigoureuse de l’éthique et dont l’ me est déjà rendue très fine, très
délicate et très subtile grce à la calligraphie, à la peinture et à la
musique douce et majestueuse. C’est pourquoi le style devient ici si
éthéré, si concis, si élagé, si élaboré qu’on se sent émerveillé de la
délicatesse de ses suggestions et du doux murmure de sa musique.
Ce style
si sobre, si ténu au commencement s’enfle de plus en plus pour atteindre
les longeurs périodiques, atteindre «les dimensions» de l’infini, pour
s’évanouir finalement dans le silence de la perfection impondérable de
Dieu.
Tout
semble être très bien calculé, très bien mesuré pour être compris
seulement des gens de qualité. Ainsi le contenu est transparent pour les
uns, obscur ou opaque pour les autres, jusqu’au point de devenir un
scandale, un non-sens pour la plupart des gens, une douce philosophie de
nonchalance, de béat vivotement pour certains mais aussi et surtout un
mot de passe qui enseigne la voie de la perfection a quelques disciples
préférés.
Le livre
débute très suggestivement par «la Volonté Divine» et finit
éloquemment dans le silence infini de la Perfection impondérable
de Dieu.
Le livre
nous donne ainsi l’Alpha et l’Oméga de la voie divine considérée comme
un cercle parfait quand les deux bouts de perfection vont se rejoindre
après avoir passé par toutes les nuances, les tonalités, la poésie et la
musique d’un couple en parfaite harmonie et les phases d’une vie humaine
tour à tour active, tour à tour contemplative selon les modulations de
la loi des Variations et du Devenir.
Laissons
parler l’auteur pendant une minute: «La Volonté Divine est notre
Nature; suivre notre Nature, c’est la voie divine; cultiver cette voie
divine s’appele instruction. Cette voie divine est indissolublement liée
a nous. Toute séparation, ne fut-ce que pour un clin d’oeil, est un
non-sens car si elle pouvait l’être, elle ne mériterait plus son nom de
voie.
«C’est pourquoi, l’homme religieux doit craindre l’Invisible, doit
vénérer l’Imperceptible, car rien n’est plus patent que l’Invisible,
plus manifeste que l’Imperceptible. C’est pourquoi, l’homme religieux
doit être très réservé dans sa solitude...»
Combien
ces paroles sont imprégnées de spiritualité, de dignité, de dévotion et
de grandeur !
Le
problème ontologique de la nature humaine, en tant qu’Homme, se
concrétise dans une équation charmante:
Volonté Divine
(
天 命
) =
Nature (
性
)
La Parole
divine était donc le souffle de notre vie, était donc la nature
originelle de l’humanité nature d’une perfection et d’une pureté sans
mélange comme une eau de vie couleur cristal qui vient de jaillir de la
source divine, qui vient de prendre a peine son élan, dont chaque goutte
deviendra une nouvelle vie, deviendra une semence de l’arbre de
l’immortalité future, deviendra un modèle de perfection, une voix de
conscience amicale qui murmure silencieusement au tréfonds de notre me
pour nous enseigner dans le silence et dans l’amour, la póesie , la
musique et les secrets de «l’Alchimie de l’immortalié».
Le but
que se proposait l’auteur du Tchoung-young est d’exhorter les lecteurs a
remonter a cette source, a cette Nature originelle.
C’est
cette expression divine, cette perfection divine, cette Parole sans
langage que nous devrions retrouver au cours de notre vie temporelle.
L’auteur nous suggère de recourir à l’instruction qui nous aiderait a
retrouver cette voie divine.
Il nous
révèle ingénument que cette voie divine est comme collée a nos pas. Quel
paradoxe ! quel humour ! quelle ironie ! sommes-nous tentés de le dire.
Cependant
le paradoxe cesse comme par enchantement si nous nous reportons à ce
verset du Livre des Mutations: «La voie divine a deux phases: Une
phase ombre et une phase lumière. Il est bon de vous engager dans cette
voie, mais si vous parvenez à la parcourir en entier, ce sera la
perfection, ce sera la réalistion de votre Nature.» (Livre des
Mutations, le grand commentaire, ch.IV, v.2)
一 陰 一 陽 之 謂 道.
繼 之 者 善 也.
成 之 者 性 也.
Si l’on
considérait le Centre Eternel comme étant la Lumière, comme étant
l’Esprit de Dieu, la phase ombre, ce serait la phase d’éloignement,
d’expansion, d’extériorisation, de superficialisation, d’aliénation,
d’engagement - engagement dans la société, engagement au service du
temporel et du matériel, - la phase d’épanouissement physique,
intellectuel et sentimental, la phase errante à la recherche des
distractions, des aventures et des nourritures terrestres. Cette
première phase c’est l’enfance et la jeunesse de la Vie correspondrait
d’ailleurs au courant expansif et prolifique initial de la nature où le
printemps et l’été se parent de bourgeonnements, de frondaison, de
floraison et qui dicte aux oiseaux du ciel de quitter leurs nids pour
aller foltrer, chercher leur nourriture et prendre leurs ébats d’amour
dans des coins des cieux lointains.
Mais
bientôt l’ombre cède insensiblement le pas à la lumière. Graduellement
et insensiblement l’automne de la vie fait vibrer ses harpes de vent et
d’oiseaux, fait iriser les couleurs de ses feuilles jaunissantes, et
nous entrons dans la seconde phase de la vie en changeant de plans, de
vues et de direction apparente. Nous allons entonner la même mélodie
mais comme à rebours, mais à une gamme plus élevée: c’est donc en
quelque sorte un changement de clavier et de rythme pour éviter la
monotonie du timbre. C’est maintenant le chemin de retour, c’est
maintenant la phase d’intériorisation, de concentration progressive,
d’introversion, d’approfondissement, de recueillement progressif, la
phase de récupération spirituelle après la prodigalité de la jeunesse,
la phase de la «recherche du temps perdu de Proust», la phase de
spiritualisation, de sublimation qui se fait grce aux expériences
vécues, grce aux méditations, aux réflexions à travers les diverses
étapes de l’éthique et de l’esthétique pour revenir grce à une touche
magique de l’Etincelle divine, à la perfection originelle, pour
redevenir l’expression de Dieu, le Symbole de Dieu. Tandis que la
première phase était le propre d’un homme attiré hors de soi , la
deuxième phase se caractérise par le reploiement de l’homme sur
lui-même. La deuxième phase est donc une phase de dégagement progressif,
de libération des liens et fardeaux qui commencent déjà a étrangler et à
peser pour se consacrer graduellement a sa réalisation spirituelle. La
vie de l’homme ainsi conçue serait comme un perpétuel devenir en vue
d’une identification finale avec l’Etre, une existence toujours en quête
de la Vie, de la Vie totale, après avoir gouté aux saveurs des vies
partielles et successives, une randonnée palpitante à travers le temps
et l’espace pour revenir enfin au foyer, radieux et triomphant.
La vie
ainsi conçue est donc un gérondif et non un participe, un faciendum et
non un factum, une «récréation» et un épanouissement continus et non un
étiolement, un dépérissement, un languissement berné d’illusions et de
velléités. Le «Que ma volonté soit faite» initial redevient le «Ta
volonté est faite», dans le bonheur indicible de réunion, dans un cadre
de neige immaculée miroitant de fierté là-bas au loin dans le monde
sensible encore assoupi par l’hibernation récente, dans la musique douce
des bourgeons qui commence à chanter le renouveau sur les branches
encore engourdies par le froid et dans le gazouillement des oiseaux qui
palpitent déjà de printemps et de vie nouvelle.
Le
contraste apparent initial, - les malheurs initiaux, les malentendus
initiaux causés par une fausse dénomination,
aggravés par l’éloignement progressif, se résout en union finale, en
mélodie finale, en symbiose et synthèse finale.
Les
pleurs de la naissance feront place au sourire de la mort. Et le rideau
des paupières retombe pour laisser la scène du monde aux autres acteurs
novices encore étriqués et maniérés dans leur évolution et leur
expression.
Pour
retrouver ce centre de Perfection, il nous est enseigné d’ailleurs dans
le livre des Hautes Etudes, que nous devons faire un effort de
concentration, de méditation, d’aller de simplifications en
simplifications pour arriver à la sublimation finale.
C’est
donc remonter la lignée des causes pour s’élever à la Cause première qui
ne peut être qu’Esprit.
Parvenu
au terminus de la chaýne des causes, on peut alors poser son petit doigt
sur «la Forme Spirituelle» des choses qui était auparavant mobile,
diffuse, protéiforme, méconnaissable à travers la féerie des
réfractions, des diffractions, des dispersions, des mirages, des
déformations et des interférences qui se jouent à travers les diverses
couches des temps et des lieux.
On se
rend compte alors du mystère de Latence - Manifestation, de
Silence-Parole; de l’Etre et de son expression, la pensée; de l’Etre et
des symboles; de la Pensée et du langage; de l’Un et du Multiple.
Alors
dans l’admiration, dans l’amour et dans la vénération, les auteurs
chinois cherchaient à se réaliser, pour tendre à l’union avec l’Un, avec
le Très Haut (T’ai-chi
太 極
).
Ainsi au
point de vue philosophique, l’Ecole confucianiste se donne comme tche de
retrouver l’Un derrière le Multiple, le Global à partir des détails, la
Réalité à travers les Symboles, l’Absolu à partir des relativités,
l’Immuable derrière le voile trompeur des changements, la Parole à
travers les mots, les phrases, les livres et les collections de livres,
la Personne humaine à travers les individus, la Vie derrière ses
manifestations si variées et si capricieuses, la vraie identité de
l’Homme après toutes les identifications possibles et imaginables.
Armés de
foi et de connaissance, ces rares vrais religieux chinois de l’école
confucianiste, marchaient dignement dans la voie de Dieu ainsi tracée
dont ils connaissaient à l’avance toutes les étapes. Ils cherchaient le
Royaume de Dieu caché dans leur me. C’est pourquoi, ils étaient si
confiants, si joyeux, si heureux malgré toutes les vicissitudes de
fortune, malgré leur pauvreté.
Ils
faisaient l’ascension de la colline éternelle en mesurant leurs pas, en
savourant chacun de leurs moments, en débutant par des actions très
terre à terre pour s’élever graduellement aux accomplissement de plus en
plus nobles, avec cette conviction que leur évolution indéfinie est
possible, qu’ils étaient en mesure de rivaliser avec leurs maîtres en
vertus et en perfection.
Il est à
remarquer en dernier lieu, que dans le Tchoung-young, l’auteur parle
abondamment des grces que Dieu réserve à ses Elus, ce qui constitue
comme la replique de la Bible. (cf. Livre de la Sagesse).
Cela est
très frappant, si l’on considère qu’à ce stage ancien de l’histoire,
aucune communication n’était possible et les secrets des nations
s’entouraient de plusieurs remparts de mers, de montagnes et de langues.
En
étudiant les grands penseurs chinois et surtout le Tchoung-young, je
suis sidéré de constater combien ils étaient religieux - profondément
religieux - comme si la présence divine transparaissait à travers leurs
écrits, leurs paroles, leur attitude et leur vie... et aussi de
constater qu’ils employaient le même langage des Mystiques de tous les
temps, de toutes les nations, de toutes les religions.
Comme il
est beau de considérer après eux, la vie comme une mélodie grandiose qui
commence et finit avec une même note de Perfection, tout en passant par
toutes les palpitations, les cascades de dissonnances, de consonnances,
de mélodies, de voix et de silence...
Le
Tchoung-young me rappelle la douce musique des pòemes de Kabir , de
Tagore, les chaudes paroles de Ramakrishna, la passion de Bodhidharma,
la mélodie du Bhagavad-Gita.
Il me
fait penser aux paroles du Psalmiste:
«Yahvé
qui habitera sous ta tente?
Qui
demeurera sur ta montagne sainte?
Celui
qui marche dans l’innocence, qui pratique la justice,
Qui
dit la vérité avec son cœur.»
(Psaume
15)
Et aux
belles paroles de Saint Paul:
«Le
Dieu qui a dit à la lumière de resplendir
du
fond des ténèbres est celui qui a resplendi dans nos coeurs.»
(Corinthiens 11 -4,6)
Combien
il est consolant que de pouvoir retrouver son vrai Centre de Gravité aux
cours de moments de tourbillons de la nature et de l’Histoire. Et je
termine mon aperçu par un voeu sincère: Que tout le monde travaille au
rehaussement des vraies valeurs morales et spirituelles des hommes, que
tout le monde cherche à btir sur ce Centre Eternel, sur ce Socle de
Perfection et d’amour toutes les constructions futures au plus grand
bonheur de l’humanité entière.
Dành cho các thính giả người Pháp, hôm Phát Giải Thưởng Văn Chương Tinh
Việt Văn Đoàn Lecomte du Noüy.
Il n’y a pas en effet de contraires dans notre vie et dans l’univers
mais plutôt des forces complémentaires, des couleurs complémentaires,
des notes d’accompagnement, des corrélatifs en un mot, qui sont appelés
à jouer une fonction plus ou moins prédominante à leur temps et à leur
place. Ainsi conçu, tout a sa part, tout a son temps, tout a son utilité
et rien, absolument rien dans cet univers ne serait mauvais, ne serait à
rejeter, si ce n’est le contretemps.
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